1 er Famille Guillaume ou Guilhem de St-Didier (1152 après 1194 ?)

Origine imprécise de cette riche famille. — Controverse sur l’origine de Guillaume, vraiment de Saint-Didier-en-Velay. — Querelle entre l’évêque du Puy et les vicomtes de Polignac. — Ces derniers, emmenés en captivité à Paris par Louis VII, signent le traité de 1171. — César Nostradamus fait mourir Guillaume en 1185. — Le moine de Montaudon, prince de la Cour d’Amour du Puy, le trouve vivant et plein de gloire en 1194. — Guillaume fut l’amant de la vicomtesse de Polignac et de la comtesse de Roussillon. Ses ballades honorent Saint-Didier-en-Velay et la littérature française.

La famille de Saint-Didier, ainsi que nous le supposons, devait posséder, depuis très longtemps, cette importante baronnie, la deuxième du Velay, en puissance et en étendue.

Dès le mie siècle, outre le canton actuel de Saint-Didier-en-Velay, elle comprenait en Forez, Jonzieux, Marlhes, Malploton, le Play, la Terrasse, Croquet, Peybert, le Rozet, la Fayette et Verne ; dans le canton de Montfaucon, Riotord et une partie de la paroisse de Dunières; et dans Monistrol, tout le mandement de Monistrol et celui de la Séauve.

Une bulle d’Alexandre III certifie que l’église du Puy était maîtresse de l’église et du château de Saint-Didier et laisse même entendre que le baron Guillaume de Saint-Didier avait des domaines en dehors de l’évêché du Puy, dans le Valentinois, notamment.

Clément IV, dans une bulle, et les hommages rendus aux évêques du Puy donnent une mesure de cette fortune.

Vers le milieu du XIe siècle, la baronnie s’accrut des seigneuries de Lapte, de Montgevin et de Brossette, en Velay; de la Mastre et de la Bastide d’Andaure, en Vivarais.

En tout cas, l’origine de cette famille se perd dans les temps les plus reculés. Elle est un peu connue, dès le Xe siècle.

Mais il faut arriver jusqu’au lui’ siècle pour avoir quelques renseignements sur le possesseur de cette seigneurie, Guillaume de Saint-Didier. Sans doute, parce qu’il fut le plus cultivé et qu’il laissa un nom attachant dans la poésie aimable de l’époque.

Guillaume de Saint-Didier pourrait être fils d’un autre Guillaume de Saint-Didier qui se trouve nommé dans un traité conclu, en 1169, entre l’évêque du Puy et le vicomte de Polignac.

Guillaume de Saint-Didier, le chanoine Raymond, le chevalier Pons de Capdeuil et Pierre Cardinal sont les quatre écrivains qui représentent, à eux seuls, à peu près tout le système poétique et littéraire, aux XI, XII et XIIIe siècles dans le Velay.

La baronnie de Saint-Didier était donc riche et étendue.

Guillaume était qualifié de ries castelas. Une biographie le désigne :

fo mot honratz hom e bons cavaliers d’armas, e larcx donaire d’aver, e molt fis amaire, e inolt amatz e grazitz.

Il était très riche.

Guillaume pouvait donc être larcx donaire d’aver. Cette qualité était si connue quand on écrivit sa biographie, dans la seconde moitié du XIIe siècle, qu’un copiste distrait prit tranquillement la Cour des Comtes de Montpeslier (Montpellier) pour celle de Guillaume de Saint-Leydier, et fit héberger, par notre baron, Pierre Raymond de Toulouse. Raynouard, et Diez lui-même, n’ont rien trouvé d’étrange dans cette assertion et n’ont pas vu l’erreur que contenait le texte d’un manuscrit lorsque, cependant, ce manuscrit est seul, sur quinze, à la commettre.

Des controverses se sont ouvertes sur l’origine même du baron de Saint-Didier.

Francisque Mandet en a fait un châtelain de Nolhac, domaine appartenant, à l’époque, au vicomte de Polignac.

Or, la biographie provençale de Guillaume de Saint-Didier commence ainsi : Guillems de San Leydier fo us rics castelas de Veillac, de l’avescat del Puei Santa-Maria.

Le mot Veillac a été mal transcrit.

La Curne de Sainte-Pelaye, l’abbé Millot, Rochegude, Reynouard, Mandet, ont oublié le nom antique de Veillac, Veilac ou Velaic, pourtant très commun dans les auteurs provençaux des ‘are et mir siècles. Ils en ont fait Noalhac ou Nolhac, petit village au nord du Puy.

Mahn a commis la même erreur.

Mandet a vu Guillaume un chevalier au service de Polignac.

Peut-être, jeune alors et étourdi, son père l’a-t-il placé sous la conduite du vicomte de Polignac pour lui apprendre le métier des armes ?

Chabaneau rétablit le mot Veillac; mais, trompé par Doniol, il assigna pour lieu d’origine à Guilhem, au lieu d’une localité du Velay et de l’évêché du Puy, Saint-Didier-sur-Doulon, qui se trouvait en Auvergne et dans le diocèse de Clermont.

Le mot Veillac est très lisible dans les manuscrits provençaux et nous le retrouvons, non seulement, dans la biographie de Garins Lebrun, mais dans celle de Gausserand ou Jatisserand de Saint-Didier, le petit-fils de Guillaume.

Cette dernière biographie commence ainsi :

Gausserans de Saint-Leydier si fo de l’évescat de Velaic. Le mot de Veillac se trouve, en outre, dans la biographie de Pierre Cardinal :

Peire Cardinal si fo de Veillac, de la ciutat del Puei Nostra Damna,

Enfin, le célèbre troubadour vellave emploie lui-même le mot dans un de ses sirventes :

Tais n’y a, mas non dirai qui, Que faron porc en Guavauda, Et en Vianes foron ca, Et en Velaic foron masti, Seguon l’afaitamen cani.

Veillac signifie donc Velay et non Nolhac.

Guillaume porte le nom de son manoir (castelas) de Saint-Didier. Ce mot, d’ailleurs, est écrit très diversement dans les manuscrits provençaux qui contiennent la biographie et les œuvres de Guillaume.

Les uns disent San Disder et ce sont les plus nombreux; d’autres Saint-Didier; beaucoup San-Leydier, et, enfin, quelques-uns Saint-Disdier.

Quelle que soit l’orthographe, ce nom désigne une localité de l’évêché du Puy.

Certains auteurs plus récents ont fait de Saint-Didier un poète de la Basse Auvergne.

Les limites de l’évêché du Puy sont connues depuis 1164. A cette époque, le pape Alexandre III, de passage au Puy, s’entremit dans les querelles entre l’évêque de cette ville, Pierre IV, et les vicomtes de Polignac.

Dans une bulle, de 1165, signée le 20 juillet à Montpellier, le pape Alexandre III (1159-1181) confirma les privilèges accordés à l’évêque par les rois, et, notamment, par Louis VII.

L’actuel arrondissement de Brioude était exclu.

La bulle du pape contient les localités qui dépendent de l’évêque,

Or, dans cette énumération, se trouvent une église et un château de Saint-Didier appartenant à un Guillaume, désigné, d’après l’orthographe germanique du temps, par un W :

Ecclesiam et castrum Sancti Desiderii, et quicquid W. Sancti Desiderii in episcopatu Aniciensi habebal

Cette église et ce château sont incontestablement ceux de Saint-Didier, puisque ce lieu cité dans la bulle d’Alexandre III est au milieu même de tous les villages qui l’entourent : Retournac, Lignon, Sainte-Sigolène, Bas, Monistrol.

Dans une bulle du pape, Clément IV, ancien évêque du Puy, en 1267, emploie la même mention. Cette fois, le nom de Guillaume, Guillermus est écrit en toutes lettres.

L’histoire nous fait connaître que les domaines de Guillaume de Saint-Didier étaient passés de la suzeraineté de l’évêque à celle des Polignac, et que l’évêque protestait contre ce transfert.

Le conflit entre l’évêque du Puy et les vicomtes dura longtemps. Les causes de cette lutte étaient fort anciennes, mais c’est surtout à l’avènement de Pierre IV, en 1157, que le conflit s’aggrava. Il s’agissait, en somme, de droits de péage et de suzeraineté. L’évêque réclamait, entre autre, la seigneurie de Polignac. Le roi Louis VII les réconcilia.

Mais l’intervention du roi d’Angleterre, Henri II, qui réclamait la province, apanage de sa femme, la duchesse Eléonore d’Aquitaine, fit rebondir le conflit.

Le comte de Velay, dauphin d’Auvergne, et ses alliés les Polignac se prononcèrent pour lui.

Louis VII, poussé par le pape, intervint, captura les vicomtes et les emmena à Paris. Il confisqua, en outre, une partie des domaines du Dauphin d’Auvergne, notamment le Velay, dont il donna, en 1165, la suzeraineté effective à l’évêque.

Mécontentement des vaincus. Nouvelle intervention du roi. Les vicomtes de Polignac furent capturés au château de Nanette, près d’Issoire, emmenés au Louvre, et contraints d’accepter de dures conditions.

Thibaud, comte de Blois, et Maurice, archevêque de Paris, tous deux, conseillers du roi, rédigèrent un traité, en 1171. Ce traité fut définitivement accepté par les parties, le 31 juillet 1171, et approuvé par Louis le Jeune. À Fontainebleau, en 1173 et ratifié par le pape Alexandre III, en 1174.

La dixième clause du traité stipule que les vicomtes de Polignac renonceront formellement à réclamer l’hommage qu’ils avaient « reçu ou exigé des vasseaux de l’église du Puy, Guillaume de Saint-Didier, notamment.

Hominia, fidelitates et sacramenta quce ab hominibus

episcopi exegerat vel acceperat, a Guillelmo scilicet Jordani

et Guillelmo Sancti Desiderii. et aliis quos episcopus dicet

ei, dimisit et quittavit et eos absolvit.

D’après ce texte, Guillaume de Saint-Didier s’était déclaré lui-même vassal des vicomtes de Polignac, de sa propre volonté et non par contrainte.

Cette circonstance explique que des relations étroites et cordiales aient pu s’établir entre les deux maisons et que Guillaume fut devenu, en amour, le rival de son suzerain.

La remarque est précieuse pour l’intelligence même de l’œuvre amoureuse du poète, de sa biographie et du razos de ses poésies.

En effet, Guilhem de Saint-Didier fut l’amant de Marqueza, femme du vicomte de Polignac, sœur du dauphin Robert d’Auvergne, poète, et d’Adelaïde ou Nail de Claustra, femme de Béraud de Mercoeur.

Guillaume fit aussi des chansons en l’honneur de la comtesse de Roussillon, en Viennois, dame de beaucoup de mérite.

Guillaume fut un bon « chevalier d’amour » et il dut servir, de sa lance et de son épée, la cause des vicomtes de Polignac en lutte contre leur évêque. Il dut, évidemment, défendre le droit qu’il s’était arrogé de se choisir librement son suzerain.

Nous ne connaissons, hélas ! Ni son père, ni le moment précis de sa naissance un

Mais Guillaume était déjà, en 1164, un baron riche et puissant.

Les armoiries de sa maison étaient : d’azur au lion d’argent, à la bordure de gueules, chargée de huit fleurs de lys d’or. »

D’après d’anciens titres, les armes étaient « une croix de Saint-André fleurdelisée à chaque bout».

Au bas d’un acte de Guigon est appendu le sceau du baron avec ces dernières armoiries.

Si Guillaume entendait porter son hommage où l’appelait son cœur, il était évidemment un homme à cette époque. Nous pouvons donc lui donner au moins 20 ans à cette date.

La châtelaine qu’il a aimée eut un fils qui, en 1191, se trouvait à Saint-Jean-d’Acre à la Croisade. Ce fils, pour prendre part à une expédition si lointaine et si périlleuse, devait bien avoir l’âge d’homme. La mère avait donc pu être, dans sa jeunesse, c’est-à-dire, vers 1164, l’amante du baron de Saint-Didier.

Cette liaison dura longtemps, dit la chronique provençale. L’œuvre même de Guillaume est plus précise sur ce point. Dans sa chanson Malvara m’es la moguda, le troubadour nous parle de sept ans. C’est justement le nombre d’années qui s’écoule de 1164 à 1171, époque où Guillaume dut s’éloigner des vicomtes de Polignac. Si, après cet intervalle, il put encore faire agréer ses hommages par la comtesse de Roussillon, évidemment, il était jeune encore, en 1171.

L’examen de ses poèmes historiques le montrera, écrivant des chants religieux, en 1180.

Il mourut, suivant Nostradamus, en 1185, à la cour d’Ildeponse (Alphonse II, roi d’Aragon, comte de Barcelone et de Provence) environ l’an MCLXXXV, auquel temps il trépassa, non sans avoir composé infinies, belles et doctes rimes, parmi lesquelles se pouvaient voir les plaisantes fables d’OEsope et un traité de l’escrime qu’il adressa au comte de Provence.

Malgré cette assertion, le moine de Montaudon le trouvera mu et plein de gloire vers 1194;

Selon Nostradamus, Guillaume serait donc mort après avoir composé son chant de croisade dans de fervents sentiments de dévotion, laissant une œuvre considérable qui le ferait supposer charger d’ans.

S’il est possible que Nostradamus ait dit vrai en ce qui concerne l’œuvre du baron Guillaume, il semble, au contraire, qu’une erreur ait été commise sur la date de sa mort.

En effet, Guillaume de Saint-Didier figure dans le sirvente où le moine de Montaudon apprécie les troubadours, ses contemporains.

Ce sirvente est bien postérieur à 1185, et il peint une époque littéraire et fait revivre Guillaume dans le concert éblouissant des lyres provençales à la fin du XIe, siècle.

Tout d’abord, dans ce sirvente, le moine de Montaudon reconnaît que Pierre d’Auvergne a chanté les troubadours du passé. Il veut, lui, chanter ceux du présent.

Pois Peyre d’Alvergn’a chantat

Dels trobadors que son passat,

Chanterai eu mon escien

D’aquels que pois se son levat.

E non m’aj on ges cor irat

S’ieu lors crois mestiers lur repren.

Le premier qui a les honneurs du chant est Guillaume de Saint-Didier.

L’auteur dit :

Lo primiers es de Sanh-Leidier,

Guillems que chanta voluntier

Et a chantar mout avinen ;

Mas quar son desirier non quier,

Non pot aver nulh bon mestier.

Et es d’avol acuilhimen.

La seconde strophe s’occupe du vicomte de Saint-Antonin, « qui n’a jamais joui d’amour ».

Montaudon reproche ensuite à Miraval de Carcasses « de ne jamais célébrer Noël en son château », et à Peyrol dont « les chants se sont avilis depuis qu’il s’est acoquiné à Clermont ».

La cinquième strophe est pour Gaucelm Faydit ; la sixième, pour Guillaume Adhémar « qui porte maints vieux vêtements » ; la septième, pour Arnaud Daniel « dont le chant ne vaut plus un aguillen.

La huitième est pour Arnaud de Mareuil dont « sa dame ne retire rien de son amour » ; la neuvième, pour Tremolata, le Catalan.

Quant à Saïl d’Escola, « de jongleur, il se fit bourgeois à Bergerac ».

La onzième strophe s’adresse à Giraudet le Roux qui « se croyant preux a abandonné le fils d’Alphonse (Jourdain de Toulouse) qui l’avait tiré du néant ».

La douzième, pour Folquet, de Marseille.

La treizième est destinée au marquis Guillaume, son cousin et son voisin, « devenu vieux, barbu avec de longs cheveux ».

La quatorzième est pour Pierre Vidal, et la quinzième pour

Guillaume de Ribes.

La seizième, enfin, est pour le moine de Montaudon lui-même :

Ab lo sezesm’ ni agra pro,

Lo fals monge de Mantaudo,

Qu’ab totz tensona e conten ;

Et a laissat Dieu per baco,

E quar anc’ fetz vers ni canso,

Degral om tost levar al ven (1).

La recherche de la date de cette satire a provoqué des remarques et des controverses.

Diez la place entre 1190 et 1200.

Philippson pense que la pièce est de 1199.

Fabre la place à une période antérieure à 1194.

Ce dernier s’appuie, à, la fois sur le mort, en 1194, d’Ermangarde, vicomtesse de Narbonne ; r les visites nombreuses que rendait le jongleur-bourgeois d’Escola à Ermangarde ; sur le serment de Folquet de Marseille.

Folquet jura de ne plus écrire, du vers lorsqu’il fut renvoyé par Adelaïde Barrai, en 1182. II oublia son serment, grâce à Eudoxie de Montpellier, puis, il entra dans l’ordre de Cîteaux, en 1195. Le troubadour était abbé de Thoronet, en 1197.

Il est donc certain que le sirvente du moine de Montaudon ne peut avoir été écrit après 1193, puisqu’II parle de Folquet, marchand à Bergerac, et que ce dernier n’unira dans les ordres qu’en 1195.

Par conséquent, l’affirmation de Nostradamus situant la mort de Guillaume de Saint-Didier, en 1185 est donc inexacte.

Est-il exact aussi que Guillaume se retira à la cour d’Alphonse, comte de Provence et de Barcelone ?

Il est probable que Guillaume voyagea et abandonna ses terres après la rupture avec la vicomtesse de Polignac.

Il s’éloigna pour fuir le scandale. Si fon saupuda la novela per la terra.

Il quitta Saint-Didier, le Velay et même le Viennois où ses nouvelles amours, cependant, l’avaient appelé. Il ne voulait pas prendre parti dans la querelle qui divisait la famille de Polignac et l’évêque du Puy.

Guillaume a donc dû connaître Arles, Aix, Toulouse, Saragosse et Tolède.

Dans la chanson qu’il a faite : Aissi cum es belha süh de cui chan, il parle d’une « filha al pros comte Raymon» et il laisse entendre qu’il l’a connue, puisqu’il devait voir, dit-il,

«Qu’elle est la plus gente au monde ».

Le baron de Saint-Didier avait, à n’en pas douter, une réelle affection pour le roi d’Aragon. Dans son chant de croisade, il nomme ce monarque : Lo reys valens de cui es Aragos.

Enfin, la pièce entière est dédiée brusquement au roi de

Castille :

Hai ! qui volra cobrar sens e valors

Ane s’en lai ont es tolz bes granatz,

Joys e ferms cors e tota lialtatz,

En Castilla, al valen rey N. Amios,

Quar el es caps de pretze d’onremen,

E, per el, son Pagnas totz jorns bayssatz,

E del mirailh es onrada sa patz,

Qu’el cor e’ 1 sen hi met e l’ardimen,

Dieus nos lays far e dir que siam salvatz !

Et al bon rey castellan, qu’es honratz,

Cresca sos gaugs e vida lanjamen !

Guillaume de Saint-Didier vivait donc encore en 1194 et il était à l’apogée de sa gloire. De tous les troubadours cités dans le sirvente du moine de Montaudon, il paraît même ne pas être le plus âgé.

Diez avait indiqué la date de 1200 comme celle de la fin de la carrière de Guilhem, non parce qu’il avait trouvé la mention de la date de la mort du troubadour, mais parce que le sirvente dl moine de Montaudon lui paraissait être de cette année-là.

Il se fondait, comme plus tard Philippson, sur la cobla qui concerne Folquet, de Marseille, et ne faisait entrer « ce troubadour au cloître qu’après la mort de tous ses protecteurs, dont le dernier indiqué était Richard Cœur de Lion (mort en 1199).

Gaussérand ou Jausserand sera son petit-fils. Il chantera d’amour vers 1234.

Par conséquent, Guillaume peut avoir 20 ans en 1164 ; 50, en 1194. A ce moment, un petit-fils peut lui être né de sa fille, si bien que ce petit-fils peut lui succéder et être un troubadour en renom 40 ans après.

Ainsi Guillaume était déjà baron de Saint-Didier en 1165 et avait rendu hommage aux vicomtes de Polignac, Pons III et Héracle III.

En 1171, les vicomtes de Polignac renoncent à son hommage profit de l’évêque.

Il est visible que le poète vellave avait déjà l’âge d’homme à ce moment. Il était donc né au moins vingt ans avant 1165. Il mourra après 1194, mais avant 1200.

Le voici donc nettement situé dans l’histoire de sa province et dans celle des troubadours.

Il fut réellement le contemporain du Dauphin d’Auvergne (1169-1234), comme le veut sa biographie Il vécut au moins une cinquantaine d’année.

Guillaume de Saint-Didier florissait donc sous le règne de Richard Ier Cœur de Lion.

D’ailleurs, à cette époque, pour expier un crime commis par ses soldats (ils avaient brûlé l’église de Vitry dans la Marne, dans laquelle se trouvaient 1300 personnes), le roi Louis VII prit part à la deuxième croisade.

Naturellement, toute la noblesse batailleuse du royaume partit pour cette guerre lointaine prêchée par saint Bernard, abbé de Clairvaux. Cette croisade eut pour chefs Louis VII et Conrad III, empereur d’Allemagne. L’armée des Allemands fut détruite à Nicée. Louis VII en recueillit les débris et tenta vainement de mettre le siège devant Damas.

Le baron Guillaume de Saint-Didier participa à cette expédition malheureuse.

Cet élégant seigneur fut surtout poète et chansonnier.

Son talent procura au Velay une brillante renommée. Guillaume rendait volontiers visite aux châtelains vellaves et leur récitait ses vers.

Il nous reste de lui plusieurs sirventes militaires et un charmant recueil de chansons d’amour.

Extrait de l’ouvrage, « D’Azur au Lion d’Argent » Tome I.

Paul Ronin