Gouvernement en Velay

Si l’ordre électif des prêtres constitua le gouvernement théocratique des Gaules, à son tour l’ordre héréditaire des nobles ou des chevaliers servit de base au gouvernement aristocratique. Le premier, nous l’avons dit, se recrutait indistinctement dans tous les rangs de la nation ; pour y pénétrer il suffisait de se livrer à de longues, à de patientes études, et de vivre d’après les règles austères du druidisme. Le second se composait des anciennes familles souveraines des tribus, et des notabilités récentes que les combats, d’éminentes fonctions judiciaires ou une grande fortune avaient classées définitivement au-dessus de la multitude.

La guerre avait été le berceau de la noblesse, elle resta son partage. La puissance des chevaliers se mesurait au nombre des clients attachés à leur personne. Quelques-uns en avaient plus de dix mille à leur suite ; aussi la réputation de ces chefs de soldure s’étendait-elle quelquefois si loin, que non-seulement des cités voisines mais même des nations étrangères leur envoyaient des députés et de riches présents, pour briguer leur alliance. On en vit dans les armées d’Annibal, de

Persée, d’Antiochus. Si l’on veut avoir, d’après Diodore, Pline et Varron, l’image d’un chef arverne, éduen ou biturige, au deuxième siècle avant notre ère, qu’on se représente un homme d’une haute stature, à l’air franc et martial, impatient de courir au combat, jaloux de rencontrer quelque grand péril sur sa route pour le surmonter avec audace en présence de ses soldats émerveillés. Il est coiffé d’un casque en métal que décorent des têtes d’animaux fantastiques, des cornes d’élan, de buffle ou de cerf, et sur lequel se balance un panache gigantesque. Cet homme, dont la poitrine est large et puissante, porte une lourde cuirasse à la manière grecque ou romaine, une cotte à mailles de fer d’invention gauloise, un vaste bouclier peint de couleurs éclatantes et, comme le casque, orné de têtes d’animaux féroces. Un sabre énorme pend sur sa cuisse droite à des chaînes ou à un baudrier cou vert d’or, d’argent et de corail. Son cou, ses bras et ses mains sont chargés de colliers, de bracelets, d’anneaux précieux ; en un mot, il a réservé pour le jour des batailles ses plus riches parures, et veut se montrer à l’ennemi dans toute sa force et sa beauté.

Le gais, le matras, la cateïe, la flèche, la fronde, le long sabre sans pointe à un seul tranchant, la pique, dont le fer, long de plus d’une coudée et large de deux palmes, se recourbait vers sa base en forme de croissant, telles étaient les armes à l’usage des Gaulois. Le dernier surtout était terrible, et les historiens assurent qu’elle hachait et lacérait si cruellement les chairs que son atteinte était mortelle.

On a trouvé dans le Velay une assez grande quantité d’armes gauloises, principalement des pointes ou lames de flèches, de haches et de couteaux. La plupart sont en pierres dures ; et quoiqu’il s’en rencontre quelques-unes en bronze, celles-ci paraissent beaucoup plus rares, probablement à cause de la valeur intrinsèque de la matière. Ces instruments sont aujourd’hui trop multipliés, et leur forme trop connue, pour qu’il soit important d’en donner une minutieuse analyse. Le plus vulgaire affecte la figure d’un coin terminé en pointe arrondie d’un côté, puis allant en s’aplatissant et en s’élargissant en éventail à l’autre bout. Ses dimensions varient suivant les usages auxquels il était destiné, usages qui, du reste, ne nous sont pas tous parfaitement révélés.

 Le musée du Puy possède, dans sa riche collection d’objets antiques, quelques types remarquables de ces armes primitives, assez semblables à celles des sauvages des îles de la mer du Sud. Le système électif servit de base au gouvernement démocratique. Ce fut d’abord, comme dans toutes les réactions, un grand mouvement au profit des idées régénératrices. L’élection remplaça le privilège de l’hérédité, des magistrats librement choisis furent mis à la place des chefs absolus qui dominaient les villes et les cités. Pour ne rechercher que ce qui se passa autour de nous, nous trouvons en Auvergne, 120 ans avant Jésus-Christ, une monarchie héréditaire organisée, et 60 ans plus tard, nous voyons le peuple condamnant au dernier supplice un noble qui avait tenté de rétablir la royauté. Le principe d’association prévalut bientôt ; il était difficile, en effet, que toutes les populations des Gaules vécussent indépendantes les unes des autres. Toutefois, ce principe ne put se conserver longtemps dans son libéralisme. Les faibles ont toujours besoin de secours, pour se garantir de l’oppression des forts ; et le protecteur trop puissant est bientôt entraîné vers la tyrannie : c’est ce qui arriva. Déjà, au temps de la conquête, le plèb n’avait guère que le rang d’esclave, ne faisait rien par lui-même et n’était admis à aucun conseil.

Il y avait cependant une importante distinction à faire entre les clientèles rurales et les clientèles urbaines. Les premières unissaient le client au chef de la tribu par un lien indissoluble. Le patron léguait avec son domaine les hommes qui en dépendaient, et cette dépendance était héréditaire. Le paysan naissait, vivait, mourait attaché à la glèbe, pour nous servir d’un mot employé à une autre époque. Les secondes, au contraire, étaient individuelles, n’engageaient aucunement le reste de la famille, ne se transmettaient point par voie d’hérédité. C’était un contrat de servitude volontaire entre un citoyen puissant et un homme pauvre ; contrat qui s’éteignait par la mort de l’une des parties, et était uniquement basé sur leur intérêt réciproque.

Pour se préserver des agressions du dehors, les Ruthènes, les Helviens, les Gabales et les Vélaunes s’étaient placés sous le protectorat des Arvernes et étaient devenus leurs clients. Ce fut incontestablement un patronage plus ou moins librement accepté auquel ils durent se soumettre ; mais en aliénant une partie de leur liberté, ils assurèrent ainsi, au moins momentanément, la conservation de l’autre. Il est facile de se faire une idée des engagements qui devaient unir ces quatre cités à la puissante Arvernie. D’un côté, un tribut en hommes et en argent, une obéissance aveugle, complète aux lois du protecteur ; de l’autre, en échange, l’appui d’un peuple fort et redouté. Telle est la base commune de tous les contrats de cette nature. Cependant, la manière dont ce contrat national était scellé ne nous a pas été transmise par les historiens.

Montfaucon pense avoir découvert la solution de ce problème historique, la voici : Il y a plusieurs siècles qu’on trouva un petit monument en bronze d’une admirable perfection, le même qui est aujourd’hui déposé dans la précieuse collection de la bibliothèque impériale à Paris. C’est une main droite ouverte, dont deux doigts, le médius et l’annulaire, manquent entièrement. Il est évident qu’elle ne provient pas d’une statue, puisqu’elle a été fondue d’un seul jet, et que non-seulement il n’y a point de cassure au poignet, mais qu’elle est hermétiquement fermée en cet endroit. D’ailleurs sa destination primitive est suffisamment indiquée par l’inscription grecque gravée dans la paume.



Montfaucon, dans son savant ouvrage sur les antiquités expliquées, parle de cette main symbolique et la considère comme un gage d’alliance envoyé par les peuples d’Auvergne à ceux du Velay. Le comte de Caylus, qui a eu ce bronze en sa possession et en a donné une gravure assez exacte, n’hésite pas non plus à regarder cette main comme un symbole d’amitié entre deux peuples. Son opinion est en cela conforme à celle de tous les antiquaires qui ont eu à se prononcer ; il varie seulement avec eux sur le seul point de savoir quels étaient ces Vélaunes dont il s’agit dans l’inscription. Ce nom appartient en effet à deux peuples différents. Les uns, fixés au pied des Alpes ; les autres, au pied des Cévennes. Velauni est le nom des premiers, Vellavi et Velauni indistinctement, celui des seconds ; cependant, ce n’est jamais que de ce dernier dont se servent César et Strabon, quand ils veulent désigner les clients des Arvernes. Voilà pourquoi Montfaucon, qui peut être même ne connaissait pas le petit peuple méridional que Caylus est allé découvrir dans les anciennes cartes des Gaules, n’hésite pas à attribuer aux habitants du Velay un monument qu’il considère comme un des plus importants de leur histoire. D’après lui, ce serait là le sceau du contrat national passé volontairement entre les cités de premier ordre et celles qui se constituaient leurs clientes, entre les peuples d’Auvergne et ceux de nos montagnes.

Quelle que soit la valeur de cette explication, elle n’est pas tellement absolue que nous ne puissions demander si c’était seulement dans cette occurrence que les cités de la Gaule eussent à s’adresser un pareil gage d’union ; si les Vélaunes, quoique clients des Arvernes, ne pouvaient, ne devaient pas établir en même temps d’utiles relations commerciales avec d’autres nations plus ou moins éloignées et, à cette occasion, échanger avec elles ces mains d’alliance symbolique ?

C’est ce que nous allons avoir à examiner.

Si nous ouvrons la carte des Gaules avant l’établissement de la province romaine, nous voyons ce vaste pays partagé en trois grandes familles : au midi, la famille ibérienne et la famille grecque d’Ionie ; sur le reste du territoire, la famille gauloise proprement dite. Les Aquitains et les Ligures composaient la première ; les Massaliotes et leurs colonies vinrent faire la seconde ; les races galliques et kimriques constituaient la troisième.

Les Aquitains habitaient la portion de terre limitée par la Garonne, les Pyrénées et l’Océan. Les Ligures s’étendaient de l’autre côté de la Garonne, depuis l’Isère jusqu’aux Alpes et à la Méditerranée (seulement une partie de leur rivage avait été envahie par les émigrations grecques qui s’étaient successivement fixées depuis le pied des Alpes maritimes jusqu’au grand promontoire aujourd’hui nommé cap Saint-Martin). Les possessions de la race gallique étaient circonscrites par le cours du Tarn, le Rhône, l’Isère, les Alpes, le Rhin, les Vosges, les monts Eduens, la Loire, la Vienne et une ligne qui de là venait rejoindre la Garonne, en tournant le plateau de l’Arvernie. Les races kimriques occupaient, en s’avançant dans le nord, tout le reste des Gaules.

Les Arvernes, les Séquanes et les Edues étaient, dans le pays gallique, les trois peuples qui se disputaient la suprématie. Les autres peuplades, ainsi que le fait observer très-judicieusement M. Thierry, groupées autour d’eux pour la plupart, soit par la conquête, soit par les liens de la clientèle fédérative, formaient sous leur patronage trois puissantes ligues rivales, presque constamment armées les unes contre les autres. Quoi qu’il en soit, et sans même nommer ici les populations dont César résume et termine l’histoire, nous rappellerons sommairement la situation topographique des régions ou tribus clientes de l’Arvernie. Si nous voulons, en effet, rechercher plus tard l’origine d’un monument d’inspiration grecque ou romaine et dont quelques vestiges restent encore ; s’il nous paraît utile, pour l’intelligence de l’histoire, pour l’appréciation d’une œuvre d’art, de remonter à la pensée originelle, il faudra bien préalablement connaître quels souffles bienfaisants ou fatals ont passé sur les mœurs, sur les croyances, sur les travaux de nos pères. Deux questions seraient donc, sinon à résoudre, du moins à indiquer. La première, relative à l’influence des Grecs depuis leur arrivée sur les rivages de la Gaule méridionale, six cents ans avant notre ère ; la seconde, ayant seulement pour point de départ l’époque de l’établissement de la province romaine, cent ans avant la conquête, relative aux modifications que cette nouvelle famille dut exercer sur la civilisation de nos pays.

Nous l’avons dit, les Ruthènes, les Helviens, les Gabales et les Vélaunes étaient clients des Arvernes. Ces deux derniers peuples surtout, établis sur le versant septentrional des Cévennes, par conséquent protégés contre les Allobroges et les Volces par cette immense barrière, ne pouvaient s’abriter sous un meilleur patronage. Néanmoins cette alliance, que les dispositions topographiques rendaient indispensable dans les luttes intestines, et qui avait principalement pour but la défense du territoire, n’empêchait pas pendant la paix le commerce avec les autres peuples. On conçoit que les Gabales et les Vélaunes, placés sur la frontière du pays des Ligures, devaient, par leur position même, chercher à entretenir d’utiles relations avec les contrées trans-cévéniques.

 Plus nous remonterons aux époques les moins civilisées, plus les moyens de communication seront rares et difficiles à travers les Gaules ; plus les habitants de nos montagnes devront servir d’intermédiaires obligés pour tous les échanges industriels entre les populations de l’Arvernie et les comptoirs grecs fondés dans les provinces liguriennes. Cela semble au moins d’autant plus probable que nous verrons, durant tout le moyen-âge, les foires et les marchés de la cité d’Anis fréquentés par les Dauphinois, les Provençaux, les Languedociens, les Espagnols, d’une part ; de l’autre, par les marchands du Limousin, du Poitou, du Bourbonnais, de l’Auvergne et du Forez. On eût dit que les murs vénérés de la miraculeuse basilique de Notre-Dame étaient la limite sacrée au pied de laquelle venaient se joindre sans pouvoir la dépasser, les méridionaux et les populations de la Gaule centrale. Cette coutume, transmise de génération en génération sous la sauve garde de l’intérêt local et de la piété des fidèles, était si invétérée qu’elle persista jusqu’à la fin du dix-huitième siècle, et qu’à une époque même plus récente, les principales maisons de commerce du Puy, en rapport avec Aix et Marseille, faisaient la commission des produits méridionaux, non-seulement pour le Velay, mais pour une partie considérable des provinces voisines. Cependant les choses ont dû changer, depuis que les transports s’effectuent au moyen de grandes et fortes voitures au lieu de se continuer sur le dos des mulets, depuis que les communications montagneuses, quoique directes, ont été délaissées pour les routes qui traversent les pays plats et d’un facile parcours.

Les Massaliotes, qui, dans les premiers temps, n’avaient osé s’aventurer qu’aux alentours de leurs colonies, finirent peu à peu par se répandre dans tout le territoire des Ligures. Ils étaient humbles, timides, savaient habilement flatter ceux auxquels ils voulaient plaire et ne s’avançaient dans une contrée qu’après s’être bien persuadés des intentions bienveillantes des habitants à leur égard. Du reste, s’il y avait pour les Grecs un immense intérêt à créer, pour ainsi dire, un monopole commercial dans ces riches domaines avec des peuples si simples, si nouveaux à l’industrie, c’était aussi un inappréciable avantage pour les Gaulois de donner l’hospitalité à des gens qui leur apportaient jusque sous leur toit ces magnifiques étoffes, ces parures précieuses, ces armes éclatantes et commodes qu’ils ignoraient, et dont leur vanité, déjà proverbiale, trouvait tant de bonheur à se parer.

Au fur et à mesure que le crédit des Massaliotes prenait une plus grande consistance, ils créaient des comptoirs dans l’intérieur et se mêlaient plus familièrement avec les indigènes. Les Ligures, puis successivement les autres peuples de la Gaule, subirent presque à leur insu cette influence douce, irrésistible, qu’exerce toujours un peuple intelligent, habile, éclairé, sur une nation barbare. Ce n’était pas uniquement, on le comprend, des marchandises qui s’échangeaient dans ces rapports intimes, c’était encore des mœurs, des habitudes, des connaissances différentes.

Quand nous disions que les Vélaunes étaient topographiquement placés de façon à servir d’intermédiaires aux Grecs établis de l’autre côté des Cévennes et aux peuples du centre des Gaules, nous avions mieux que des conjectures pour le justifier. En effet : Strabon, parlant des modes de transport usités par les Massaliotes, cite au premier rang la route directe, joignant la côte de la Méditerranée aux sources de la Loire, à travers les Cévennes. Donc, si la principale voie de terre, préférée aux embarcations sur le Rhône que les bateaux grecs et gaulois ne remontaient qu’avec beaucoup de temps et de danger, passait par la Vellavie pour desservir une portion considérable de la Celtique, évidemment nos assertions étaient fondées. D’ailleurs, tout ce qui dans un pays témoigne d’une influence étrangère se retrouve dans l’antique Velay, à propos des Grecs. N’eussions-nous pas le document géographique de Strabon, il suffirait de consulter les vieux vocabulaires de nos idiomes montagnards, surtout les anciens tableaux de statistique locale, pour les trouver tous remplis de locutions helléniques. La main en bronze, cette œuvre grecque, adressée avec une inscription grecque aux Vélaunes, ne serait-elle pas encore une preuve des rapports spéciaux qui unissaient cette contrée aux colonies massaliotes ?

M. le vicomte de Becdelièvre, qu’inspira toujours le sentiment artistique dans ses recherches sur nos antiquités, ne partage pas l’opinion émise par Montfaucon. Suivant lui, ce n’est point de l’Auvergne, c’est plutôt d’une colonie phocéenne que fut envoyé l’antique symbole. Marseille dut chercher à établir des relations de commerce avec les provinces de l’intérieur. Or, le monument certifie que sinon cette ville, du moins quelqu’une du littoral contracta une alliance avec les populations de nos montagnes ; partant, l’antiquaire se croit fondé à dire que le style grec, la belle exécution de cette main, prouvent qu’elle venait de l’une de ces colonies-mères d’où les arts s’étaient propagés chez les Volces.

Cette opinion est au moins fort ingénieuse, car il est évident qu’en Auvergne on n’aurait pu, à cette époque, réaliser un objet d’art aussi parfait. C’était seulement chez des artistes grecs que devaient se rencontrer le savoir et les traditions de la belle sculpture attique. Cependant, pour concilier cette interprétation avec les paroles si positives de César et de Tacite, qui ne limitent pas aux colonies phocéennes de semblables envois, peut-être serait-il plus exact d’admettre que l’ancien usage, ve’ere instituto, de s’adresser des mains symboliques était général dans les Gaules ; mais que les Celtes, étant par eux-mêmes dans l’impossibilité de produire des œuvres semblables, les faisaient fabriquer dans les colonies d’où ils les tiraient. Cette interprétation semblerait, pour le cas particulier que nous examinons, d’autant plus acceptable, qu’il paraît hors de doute que la main et l’inscription ne furent pas exécutées par la même personne. L’une, infiniment correcte et pure, dénote une science anatomique unie à un goût parfait, tandis que les caractères de l’autre sont irréguliers, grossièrement tracés, comme les formerait un ouvrier des plus ignorants ; ce qui porte à conclure qu’une certaine quantité de ces mains de bronze était expédiée des rives liguriennes aux chefs gaulois, et que ceux-ci faisaient graver au fur et à mesure le nom du peuple auquel ils s’unissaient.

 Il est bien vrai que les Gaulois apprirent des Phéniciens les sciences industrielles et qu’ils devinrent bientôt aussi habiles dans l’exploitation des mines que dans l’art d’employer les métaux. Les armes qu’ils fabriquaient étaient excellentes ; Pline assure même qu’ils travaillaient avec une supériorité remarquable le cuivre et le bronze ; mais cette éducation ne fut pas l’œuvre d’un jour. Ils s’inquiétaient peu de demander à leurs maîtres des enseignements sur les arts ; d’ailleurs, les Gallo-Grecs, avec qui ils se trouvaient le plus ordinairement en contact, étaient plus marchands qu’artistes. Leurs médailles étaient presque informes ; les bagues, les bracelets, les vases, les figures qu’ils faisaient eux-mêmes témoignaient davantage encore de leur complète ignorance des chefs-d’œuvre de la Grèce et de Rome.

Ils avaient besoin, avant de se préoccuper du perfectionnement de la forme, de rechercher les choses au fond, et ils le firent avec ardeur. Les Bituriges inventèrent les procédés de l’étamage, les Eduens ceux du placage. Les uns s’appliquèrent à carder, à filer de belles laines, d’autres à les teindre, d’autres à les tisser. Ici on imagina la charrue à roues ; là, le crible à crin ; avant qu’on le sût ailleurs, on employait dans les Gaules la marne comme engrais et l’orge fermentée comme boisson.

Source de l’extrait :

HISTOIRE DU VELAY ANTIQUITÉS CELTIQUES ET GALL0-R0MAINES

PAR FRANCISQUE MANDET

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