Monuments locaux qui attestent la dévotion des peuples du Velay à la Bienheureuse Marguerite de la Séauve.



Oratoire de Sainte-Marguerite à La Séauve-sur-Semène

Tectamént de Ctuiote, fille d’Alexandre de Saint-Didier et d’Agnès du Cnayla, 1373.

Elle fonde quatre anniversaires qui doivent se célébrer, chaque année, au monastère de la Séauve et dont le dernier doit avoir lieu le lendemain de la fête de sainte Marguerite, vierge. Or, quelle

pourrait être cette sainte Marguerite, simplement vierge , sinon celle dont nous parlons?

Testament de Claude du Vlllara , seigneur du Villara, 11» mars 1887.

Le testateur veut et demande que son corps soit , enseveli en la chapelle de Sainte-Marguerite-de-la – Séauve.

(M. Fraisse, curé de Monistrol.)

 

Rapport manuscrit de M. Hayon, prêtre sociétaire à Saint-Didier-la-Séauve,

Ce rapport, relatif à un procès qui s’était élevé entre les prêtres sociétaires et le curé de Saint -Didier, existe aux archives de la cure de cette paroisse. Dans son préambule, l’auteur, après quelques mots sur le monastère de la Séauve, parle de Marguerite. Voici ce qu’il dit : « Sainte Marguerite, que

« la voix du peuple a canonisée depuis plus de cinq

« siècles , y attire , toutes les années , un grand

« nombre de pèlerins. »

C’est une société toute entière qui parle par l’intermédiaire de son rapporteur. Les paroles citées ont donc une valeur spéciale. Par là se trouve constatée l’opinion qu’on avait dans le public sur sainte Marguerite.

 

Monitoire envoyé à tous le* prêtres du diocèse du Puy en 1662 .

L’original de ce Monitoire se trouve aux archives de l’hôpital de Saint-Didier-la-Séauve. 11 fut adressé le 8 janvier <622, par messire Arcis, vice-official du Puy, aux recteurs, curés et prêtres de notre diocèse et devait être lu dans toutes les églises paroissiales. Or, dans ce Monitoire, pour préciser l’époque où un fait eut lieu à la Séàuve, on dit : « Que ce Monitoire

* est porté contre tous ceux qui savent, pour avoir

« vu et entendu dire que la nuit du 3 janvier, fête

« de sainte Marguerite de la Séauve, certains per-

« sonnages furent, etc., etc. »

L’autorité diocésaine savait donc que la fêle de Marguerite se célébrait à la Séauve, et par là il se trouve évidemment constaté qu’un culte public lui était rendu au vu et au su des supérieurs compétents.

(M. Fraisse, curé de Monistrol)

Tableau : L’ Entrée de sainte Marguerite La Séauve (Photographe Raflin, Jacques)

 

Plaque en cuivre.

Elle est conservée dans la chapelle de la Séauve et porte, gravée, l’inscription suivante :

« Les présentes sont pour attester, comme les ha-

« bitants du château, les habitants des Paulins et

« des Mures ont, lors de la grande peste de 1628 et

« 1629, fait voeu de célébrer la fête de sainte Mar-

« guerite de la Séauve, à perpetuité, et quoique

« tout ‘ le voisinage en fût infesté, ils en furent

« entièrement préservés par les mérites de cette Sainte. »

 

Plaque en marbre.

On la voit aussi à la Séauve et on y lit :

« Ci-git le corps de sainte Marguerite, religieuse de l’abbaye de la Séauve. »

 

Pieux, usage en l’honneur de sainte Marguerite.

il se pratique surtout à Monistrol, et consiste à revêtir d’un habit blanc les enfants qui sont atteints de certaines affections maladives et que l’on voue à sainte Marguerite de la Séauve.

« On nous présente quelquefois, dit M. le curé de Monistrol,

« des robes en laine blanche qu’on nous prie de bé-

« nir, et qui doivent être portées par de jeunes

« filles ou par de jeunes garçons, en l’honneur de

« sainte Marguerite de la Séauve. Je crois que nos

« bons paroissiens seraient fort étonnés, même un

« peu scandalisés, si nous ne donnions pas cette bé-

«. nédiclion, reste d’une pieuse coutume, autrefois

« bien générale, nous a-t-on assuré. » [M. le curé

de Monistrol.)

 

Statue en pierre.

Dans la chapelle du château du Flachat, qui a ap

partenu aux familles de Béjet et de Charbonnel, les-quelles ont fourni plusieurs doyens au chapitre du Puy, il y avait une statue en pierre, représentant la Bienheureuse Marguerite, avec la robe blanche de l’ordre de Cîteaux. Cette statue existe encore aujour

d’hui dans la maison de M. Jean-Louis Souvignet, aux Ages, près Monislrol. (M. le curé de Monistrol.)

 

Chapelle en l’honneur de Sainte Marguerite de la Séauve, à Saint-Mauricece-de-Lignon.

Elle fut érigée par les soins et aux frais de la noble et illustre famille de La Tour-Maubourg, sur un terrain qui lui appartenait. Sa bénédiction eut lieu le 9 mai 1729. L’autorité locale avait eu soin d’obtenir préalablement la permission de l’abbé de Béjet, doyen

de la cathédrale. Furent présents à la cérémonie, entre autres, MM. Tollin, curé; Davenas, prêtre fiscal et Bouchet, vicaire. En 93, elle fut détruite par les démagogues. Sa restauration ne s’est opérée qu’en 1851 . Je transcris

textuellement l’acte qui constate la nouvelle bénédiction qui eut lieu :

« L’an 1851 et le 6 octobre, nous soussignés, Jean-Claude Souvignet, curé de la paroisse de Saint- Maurice-de-Lignon , spécialement délégné par Mgr l’Evêque, pour bénir la chapelle de BouilIon, construite aux frais de la noble famille de La Tour-Maubourg, sous le vocable de sainte Marguerite de la Séauve, avons procédé à cette cérémonie, conformément à ce qui est prescrit dans le Rituel, en présence de MM. César de Fay de La  Tour-Maubourg , marquis ; Jean Bruyère , des Chabaneries , Joseph Gueyton , Jean-Claude Mutuon, Maurice Gidon et Jacques Jourda, de Cubiaise, lesquels ont signé avec nous. »

Selon la tradition accréditée à Saint-Maurice et dans les environs, sainte Marguerite aurait passé par là et se serait reposée auprès d’une fontaine encore existante. Ce pèlerinage est irès-fréquenté, surtout pendant l’été. On boil de l’eau de la fontaine et on s’en frotte les membres affectés.

 

Chapelle de la Séauve

Il ne peut être question de l’ancienne chapelle’ qui avait servi à l’usage des Cisterciennes. Il ne reste rien de ce monument qui était vaste et beau, d’après les auteurs de la Gaule chrétienne. Il fut démoli de fond en comble par Bonnet de Treiches,

conventionnel, dès qu’il en fut possesseur. Il ne s’agit que du petit oratoire qui existe de nos jours. Sa construction est due à M. Royer, de Saint-Elienne et eut lieu en 1825. On le bénit en 1832. Comme le précédent, il est sous le vocable de sainte Marguerite de la Séauvc et un lieu de pèlerinage très-fréquenté.

 

Tableaux représentant suinte Marguerite de la Seauve.

Il en existe quatre, un à -l’église paroissiale de Saint -Didier, un autre à la petite chapelle de la Séauve, deux à l’église des Pénitents. Ces quatre toiles sont sans nom d’auteur et sans date. Elles re présentent les circonstances principales de la vie de

la Bienheureuse Marguerite. On voit sur l’une son entrée à la Séauve; une autre représente une extase; la troisième rappelle un fait merveilleux qui n’est relaté dans aucun auteur, mais qui est arrivé à la postérité par la tradition. Il s’agit d’un orage qui éclate sur le monastère, de suite après l’expulsion de Marguerite, tandis que le soleil brille dans tous les alentours. La tradition voit dans ce fait une punition de Dieu exercée contre les religieuses du couvent qui avaient chassé Marguerite, à cause de ses infirmités. On voit enfin, sur la quatrième, son entrée au ciel.

 

Fontaines sous le vocable de sainte Marguerite de la Séauve.

1°Fontaine au-dessus de la Séauve, sur le versant nord. On ne sait, à quelle époque on l’a entourée de murs et construit le tout petit oratoire qui lui est superposé. C’est là que les pèlerins se rendent après leur visite à la chapelle de l’abbaye. Le peuple croit que l’eau de la fontaine a la vertu de # faire disparaître les gales et les autres éruptions cutanées. La croyance que Marguerite, chassée du couvent, se serait retirée auprès de cette fontaine et aurait été guérie en s’y lavant, est très-vive encore dans les environs.

2° Fontaine dans la paroisse a » Yssingeaux , près du pont de la Sainte. C’est à peu près la même chose qu’à la Séauve. Une fontaine et un pauvre oratoire au-dessus ,  avec une statue plus pauvre encore. On y vient de tous les lieux circonvoisins. Je ferai remarquer cette dénomination de Pont de la Sainte, que beaucoup croient être la véritable, contrairement à quelques-uns qui disent : Pont de l’Enceinte. Cette dernière est inexplicable; la première s’explique par le passage de Marguerite dans ces parages. Le pont aurait été dénommé ainsi en commémoraison de ce voyage. On dit aussi qu’une petite niche pratiquée sur l’ancien pont renfermait une statue de sainte Marguerite de la Séauve.

3° Fontaine à Saint-Maurice-de-Lignon. Elle est tout près de la chapelle érigée en l’honneur de Marguerite et l’objet du même culte. Il serait difficile de dissuader les fidèles de la vertu que possède l’eau de cette source.

 

Pierre de Sainte-Marguerite.

Elle se voit à la Brosse , près de Tence. Les populations se rendent à cette pierre comme à une espèce de pèlerinage. C’est notre héroïne qu’ils vont vénérer dans ce lieu.

 

 Tradition particulière conservée dan» la famille de Charbonnel, de MonistroI-eur-Loire

 

Voici cette tradition, telle que je la trouve rapportée dans une note de l’ouvrage de M. H. de Chabron: Notre pays et notre mère, page 101.(Note D, p. 99.)

« Quand l’infortunée Marguerite fut , pour cause

« de maladie , chassée de son couvent , elle s’en

« vint, errante, demander l’hospitalité dans le châ-

« leau du Betz , au voisinage de Monistrol. Les

« maîtres de ce château, qui avaient le coeur bon et

« charitable, accueillirent, comme ils le devaient,

« la sainte religieuse et lui donnèrent une chambre

« pour y prendre son sommeil. Or, il arriva que,

« pendant cette nuit, la dame châtelaine mit au

« monde un joli enfant et fut promptement délivrée

« de tout péril et de toutes douleurs. Ce qu’ayant

« vu, le maître de la maison alla , de grand matin ,

« en donner nouvelle à la servante de Dieu , ne

« doutant pas que son épouse ne dût à ses prières

« son heureuse délivrance. Sainte Marguerite lui

« avoua qu’elle avait, en effet, prié toute la nuit ,

« que l’Ange de Dieu lui avait apparu pour l’avertir

« de cet événement, et lui avait prorais que, dé-

« sormais, en récompense de son hospitalité, les

« filles de sa maison seraient heureuses dans leurs

« couches. »

 

Fête de sainte Marguerite de la Séauve.

 

D’après le monitoire dont il a été question , il est incontestable qu’elle se célébrait à la Séauve , le 3 février. Henriquez, dom Chalamot, le Calendrier de Cîteaux la fixent au 13 des calendes d’août, date qui répond au 20 juillet.

L’Année cistercienne et le Journal des Saints de Cîteaux pour l’abbaye de Tart, la donnent pour le 24 juillet. Cette divergence s’explique. Les deux derniers ouvrages ne parlent de la fête que pour l’abbaye de Tart. Elle pouvait se célébrer ce jour-là dans ce monastère, quoiqu’elle se célébrât ailleurs un autre jour. Pour ce qui regarde la Séauve, il est certain qu’on y honorait publiquement et solennellement sainte Marguerite et le 3 janvier et le 10 juillet. Les vieillards parlent surtout de celle qui avait lieu à cette dernière époque. Il est très-probable que c’était là et l’anniversaire de sa mort et celui de la translation de ses restes mortels. On dit que des paroisses entières se rendaient en procession à la Séauve, au 20 juillet. Cette assertion me paraît gratuite; du moins, m’a-l-il été impossible d’en trouver une trace quelconque. Une seule chose est prouvée, c’est que, ce jour-là, le concours des populations était considérable.

Depuis la fermeture des couvents, en 93, il n’est plus question de ces fêtes ; soit à cause de la dispersion des religieuses et de la destruction de l’église du monastère , soit à cause de la perte des restes mortels de Marguerite. Il y aurait à examiner si ces fêles se célébraient légitimement et avec l’autorisation de l’autorité compétente. Pour mon compte , je ne puis croire qu’il n’y ait eu là que de l’arbitraire. Ces fêtes ne reviendront-elles pas? Elles reviendront, si on le veut et si on y met du zèle.

 

source: «Marguerite de la Séauve»

Theillère, curé de Retournaguet

1871