L’ancien couvent de La Séauve

L’ancien couvent avait été détruit par un incendie en 1602. Faute de documents, il est impossible de préciser tout ce qu’il était avant cette époque. Voici ce qu’il m’a été donné de découvrir. Pendant les guerres de Religion et de la Ligue, dans la dernière moitié du xvme siècle, Mme de Saint-Priest (Abbesse) en avait fait une espèce de forteresse.

Dans un procès-verbal que je citerai dans son entier, Mme l’abbesse expose les réparations faites au monastère, en vue de se mettre à l abri d’un coup de main et de la rapacité des gens de guerre d’alors. Il est fait mention de tours élevées, de palissades érigées, de ponts-levis établis, etc., etc. Il parait que, malgré les précautions prises,

le couvent fut militairement occupé à diverses reprises et pillé plus ou moins, dans ces circonstances. Le procès-verbal constate que les dégâts commis au préjudice des Religieuses, soit dans la maison même, soit dans ses dépendances s’élevaient à mille écus.

Par ce que la Séauve est de nos jours, on ne pourrait se faire une idée de ce qu’il était autre fois. Il y règne une certaine animation aujourd’hui. Cette vie est produite par des causes qui n’existaient pas, il y a un siècle ou deux. A la place des trois voies de communication qui y aboutissent et qui sont très-fréquentées, se trouvaient des sentiers diflicileset à peine pratiquables.

La rubanerie qui y fleurit à notre époque et qui entraîne avec elle un mouvement considérable, n’est bien en vogue, surtout pour les métiers les plus bruyants, que depuis les dernières an nées du XVIII siècle. Les trois usines qui fonctionnent dans ce moment à la Séauve ou à

deux pas de ce village et qui occupent un nombreux personnel, sont de création récente. Si le chemin de fer en projet s’exécute, si l’on continue à construire dans cette localité comme on l’a fait depuis quelque temps, et si les autres projets que l’on a en vue se réalisent, la Séauve sera transformée et ne pourra manquer d’acquérir une très-grande importance.

Vers la fin du XIIe siècle et les siècles suivants, ce petit vallon ne devait être qu’un désert. On n’y voyait guère que quelques fermes de très modeste apparence, un silence peu ordinaire régnait dans cet endroit sur les rives de la Cemène .

Ce silence n’était interrompu que dans les temps d’orage et de tempête, lorsque les eaux de la rivière, grossies par les pluies ou la fonte des neiges, se répandaient au-delà de leurs bords, venaient se briser avec fracas contre les murailles du couvent et que les arbres de la forêt voisine étaient battus par les vents. Une certaine animation, un bruit inaccoutumé devait se produire aussi dans ce lieu solitaire, à certains jours de l’année, lorsque des fêtes se célébraient à l’église de l’abbaye et que les familles seigneuriales des environs, de même que les populations d’alentour accouraient pour y prendre part et en être témoins , surtout lorsque le pélérinage fut établi et qu’on venait de toutes les parties du Velay pour invoquer la sainte qui avait habité ces lieux et y avait fini ses jours.

Loin du tulmute des villes, près d’une forêt dont on voit encore de beaux restes, sur les bords d’une rivière habituellement calme, l’endroit choisi pour la construction de l’abbaye était singulièrement propice au recueillement et à la méditation. Les agitations du siècle ne pouvaient arriver jusque là. Toutes à Dieu et occupées des pensées de Dieu, les âmes qui venaient s’en fermer dans cette solitude pouvaient, à l’aise, méditer les grandes vérités enseignées par le christianisme, et donner leurs soins de chaque jour à leur salut éternel.

 

NOTES HISTORIQUES

Sur

LES MONASTÈRES

DE LA SÉAUVE

BELLEGOMBE, GLAVAS ET MONTFAUCON

THEELLIERE, curé de Retournaquet