Plan de l’Abbaye de la Séauve et emplacement de son ancienne Abbatiale (église).

Quelques point d’histoire et de reconstitution architecturale, Philippe Peyron.

l’ancienne Abbaye Cistercienne de la Séauve fût pendant des siècles, un haut lieu de pèlerinage dans le Velay.
Plan de l’Abbaye de la Séauve et emplacement de son ancienne Abbatiale (église).
Orienter, du latin oriens, entis signifie diriger un édifice vers une direction importante au point de vue cosmique ou religieux : le plus souvent ce sera en direction du Soleil levant. A l’opposé, le terme occident vient du verbe latin occido : se coucher (pour lesastres), périr.
On dit souvent que les églises chrétiennes sont orientées selon un axe est-ouest : en fait la plupart sont orientées vers l’Est avec des écarts importants par rapport à cet axe idéal est-ouest.
La tradition d’orienter les édifices religieux remonte « à la nuit des temps » : de nombreux sites mégalithiques (Stonehenge en Angleterre, Newgrange en Irlande) sont orientés vers le lever ou le coucher du Soleil lors des solstices d’été ou d’hiver, vers des étoiles (Sirius, les Pléiades). En Egypte, le Sphinx et les Pyramides de Gizehsont parfaitement orientées selon un axe est-ouest, Les temples de Karnak et AbouSimbel sont orientés de telle sorte qu’à certains moments de l’année les statues du ou des dieux sont éclairées alors qu’elles demeurent dans l’obscurité le reste du temps.
L’orientation joue un rôle considérable dans la Bible. Le tabernacle était tourné vers l’Est, face au soleil levant (Nombres 3,38), Le Temple de Jérusalem était orienté comme le tabernacle : « Et voici, à l’entrée du temple de l’Éternel, entre le portique et l’autel, il y avait environ vingt-cinq hommes, tournant le dos au temple de l’Éternel et le visage vers l’orient ; et ils se prosternaient à l’orient devant le soleil. » (Ezéchiel8,16). Plus tard, les premières églises s’inspireront de cette orientation.
Certains temples grecs étaient orientés pour permettre aux rayons du Soleil levant d’éclairer la statue du Dieu ou de la Déesse à l’intérieur. A Rome, selon Vitruve, architecte romain, « Il paraît donc nécessaire que tous les autels des dieux soient tournés du côté du levant. » (De Architectura)
A l’époque paléochrétienne, la prière matinale était dite, tournée vers l’orient. Dans la doctrine chrétienne, le principe de l’orientation est fondé sur la lumière (donc sur le Soleil) comme symbole du Christ. Le Christ est la lumière du monde : « Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. » (Jean 8, 12). L’occident symbolise la mort d’où les scènes du Jugement dernier au-dessus des portails occidentaux.
L’entrée principale des premières églises romaines se trouve à l’Est, le prêtre célèbre la messe derrière l’autel situé à l’Ouest de façon à regarder les fidèles vers l’Est. Vers le 4e siècle, l’autel est situé au fond de l’église côté ouest comme le Temple de Jérusalem. A partir du 8e siècle, l’entrée principale est à l’Ouest, Le prêtre célèbre la messe tournée vers l’Est, le dos aux fidèles. Ce n’est que depuis Vatican II que le prêtre célèbre la messe en regardant vers les fidèles (sauf messe traditionnaliste).
Au Moyen Âge, à l’endroit de la croisée des transepts, on plantait un grand mât. Au lever du soleil, le jour de la fête du saint patron (avant le solstice d’été) ou au coucher du soleil, le jour de cette même fête (après le solstice d’été), on notait l’ombre portée par le mât : la direction de cette ombre définissait l’axe est-ouest, appelé decumanus chez les Romains. D’autres opérations suivaient : tracé du cercle primitif, carrés du ciel et de la terre.
Pourquoi les églises ne sont-elles pas majoritairement orientées selon un axe est-ouest ? Il faut se souvenir que certaines églises ont été bâties au-dessus d’anciens temples romains, que des considérations topographiques (nature du terrain, collines à l’horizon) ont également joué.
Si des églises sont parfaitement orientées (cathédrales d’Albi, de Meaux, de Laon, de Carcassonne), la plupart dévient sensiblement de la direction de l’Est (azimut 90°sur la boussole). Quelques exemples : cathédrales de Chartres (44°), Strasbourg et Reims (59°), Sens (85°), Paris (114°), Le Mans (144°).
La basilique du Saint-Sépulcre fut orientée est-ouest comme le Temple de Jérusalem : c’était le nouveau Temple du Christ.
A Rome, les premiers temples chrétiens, notamment Saint-Jean de Latran et Sainte-Marie-Majeure ont été édifiés à l’instigation de l’empereur Constantin vers 320. Les entrées de ces sanctuaires, construits “à la romaine“, furent placées à l’Est : l’officiant, regardant le soleil levant, faisait face aux fidèles. La première basilique Saint-Pierre construite à la fin du IVe siècle était aussi dirigé vers l’Ouest.
Certaines orientations, lors de la construction des églises, permettent l’observation de phénomènes lumineux à certains moments de l’année. La basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay est célèbre pour son « chemin de lumière », Au solstice d’été, à midi solaire, se produit le « chemin de lumière », un chapelet de neuf grosses tâches de lumière s’aligne parfaitement dans l’axe central depuis le narthex jusqu’au chœur : ces rayons proviennent des lucarnes de la façade méridionale. Au solstice d’hiver, chaque chapiteau supérieur du mur nord de la nef reçoit une tâche lumineuse en provenance des fenêtres hautes.
Les 103 chapiteaux de l’église romane de Saint Nectaire, photographiés à la lumière naturelle, du lever du soleil à son coucher, sur plus de 80 jours révèlent la mise en œuvre d’un calendrier solaire : les chapiteaux sont éclairés en fonction de la fête du jour. Une découverte faite en 2013 par Daniel Tardy.
Dans les cimetières paroissiaux, les corps des défunts doivent également être orientés vers l’orient : en conséquence, les tombes chrétiennes anciennes ont leur dalle orientée dans le sens ouest-est (avec la tête à l’Ouest et les pieds à l’Est).Certaines tombes de curés auraient été placées de manière volontaire vers l’Ouest afin qu’ils puissent surveiller leurs ouailles même après leur décès.
La Qibla est la direction de la Mecque vers laquelle doit se tourner le fidèle pourprier. Dans les mosquées, cette orientation est indiquée par le mihrab, une niche souvent encadrée de 2 colonnes supportant une arcature. Le prophète Mahomet aurait au début recommandé de diriger la prière vers Jérusalem, jusqu’à ce qu’en l’an 2 de l’Hégire il reçoive la révélation de se tourner dorénavant vers la Kaaba de La Mecque. La Kaaba devint la direction de la prière.
Le mizra’h (mur oriental) est, dans la plupart des synagogues, le mur auquel font face les orants lors de leur prière afin de se tourner vers Jérusalem.
L’orientation des édifices religieux a ainsi toujours préoccupé les civilisations. Le Soleil levant, source de vie, symbole du renouveau, ne pouvait que jouer un rôle essentiel dans les pratiques religieuses. Les églises chrétiennes sont orientées en majorité vers le Soleil levant mais rarement selon un axe est-ouest.
Annonay, 6 juin 1220.
Jîean], archevêque de Vienne, confirme par l’apposition de son sceau un vente d’Arnaud Rollandi à Agathe, prieure de la Seauve-Bénite. Fait dans le cloître Annonaycensi a° I. D. 1228…, fer. 7, luna 2. Gallia christ, nova, II, 777-8.
Dans le cartulaire de l’Abbaye du Monastier , la Séauve bénéficie d’un don vers 969. …… présence d’un monastère?.. bien plusieurs siècle avant l’existence d’une Abbaye.
LXXXV. DE VILLA DE SALAS. Idem quoque Vulfaldus fecit commutationem possessionum cum quibusdam hominibus vocatis Albericus, Arestagnus, Dalmatius, quag possidebant in pago Vellaico, (in villa) quae dicitur Salas quantum ibi videbantur habere et ad ipsam pertinebat villam, totum integrum reliquerunt in eodem monasterio et acce- perunt in aliis locis possessiones tantumdem valentes ab eodem abbate et congregatione sibi commissa hoc est in pago Forense, in pago (45) Monteliago unum mansum, et in Vellaico, in loco qui dicitur Sylva Lugdunense II mansos et in loco qui dicitur Utrinas J mansum, in pago Viennense, in pago (45) quae dicitur Columbario medium mansum ……(…)
45. (969). 45*, Villa?
Dans le cartulaire de Chamalière sur Loire La Séauve est citée au XIe pour un leg au prieuré de Chamalière sur Loire, il s’agit vraisemblablement de deux ferme.
Aleugarge et Galère, son mari, donnent à Saint-Gilles de Chamalières, une terre au lieu de Saint-Rome, près du village de La Champ, paroisse de Retournac ; plus deux mas à La Séauve ; enfin, la terre de Combres, paroisse de Saint-Sauveur-en-Rue, Loire, (129). D’autre part, Boson, chevalier, de concert avec Adeugarde,son épouse, donne à son tour au prieuré, une maison et un jardin, à Pouilly-les-Nonnains, paroisse de Roanne, Loire. Enfin, Jordan donne tout son grand mas de Drossanges, paroisse dé Tiranges, alleu et fief, après si la mort de sa ‘fille, elle vient à mourir sans postérité. En tout cas, quiconque occupera ce mas fournira annuellement aux religieux de Chamalières deux setiers de seigle et un repas . Arnald donne une appenderie sise au lieu de Changeac, paroisse de Vorey. Elle est cultivée par Ebrard et rend annuellement une hémine d’avoine, huit deniers, un chapon et un agneau. Guillaume donne une appenderie à Saintignac, paroisse de Retournac, qui rapporte annuellement douze deniers, une hémine d’avoine, une géhne et un agneau ; plus, au même endroit, une chabanerie ou fernie dont le revenu est de quatre deniers, une hémine d’avoine. Il donne enfin à Sannay, paroisse de Chortielix, une appenderie au revenu de six deniers, une quarte d’avoine, un chapon et un agneau . Rainoard et son épouse Archin- nedis, donnent un demi-mas cultivé par Bernaud et sis à Jussac, paroisse de Retournac .
[Donum Aleugargis et Galerii in villa Sancti Romani).
[XIe s.]
Nichiil valet in posterum longe memoriter retineri, nisi carte vel testibus commendetur. Quapropter, bac | in presenti pagina deciarare voluimus, quod quedam domina nomine Aleugargis et maritus suus Galerius, pio amore Dei et in remedio animarum suarum et parentum illorum, donaverunt Deo et Sancto Theotfredo necnon huic loco Sancti Egidii, in territorio Bas- sense, in villa Sancti Romani, terram quandam que habet ex uno latere terram aliam que dicitur Ficalma terminos constitutam. Et in alio loco ubi appellatur ad Silvam Lucdunensem, dederunt duos mansos cum omnibus attinentiis suis, quibus ex uno latere est terra posita Guigonis de Veirenas, et ex secundo terra Sancte et Beate Marie. Et donaverunt etiam in loco alio, in territorio atque provincia Viennensi, terram
quandam que Combris nuncupatur. Et de hoc testes sunt Ysnardus, Guichardus, Bernardus, Martinus, Rotbertus. Census harum terrarum est.
L’Abbaye cistercienne de la dite « Séauve Bénite » fut construite vers 1200. Les comtes du Forez ainsi que les barons de Saint-Didier assurent la protection du couvent. Au 18 è siècle, l »Abbaye est un riche monastère. Le monastère de Clavas en Velay est supprimé faute de revenus en 1767et uni à celui de la Séauve Bénite. Marguerite Laure Fumel (1765-1792), dernière abbesse de Clavas devient alors abbesse de Séauve Bénite.
A la révolution, Joseph Balthazar Bonnet de Treiches acquiert les bâtiments monastiques et l’église abbatiale. Il fait démolir le sanctuaire en préservant toutefois le bras droit du transept qui deviendra après restauration en 1862 l’actuelle chapelle Sainte Marguerite. Le tombeau de marbre et les restes de Sainte Marguerite disparaissent. Les bâtiments du couvent sont conservés car l’acquéreur prévoit d’y établir un grand atelier de tissage. En 1971, l’imposant ensemble architectural devient propriété communale. Il est le seul témoin de la vie cistercienne en Velay. En 1993, l’Abbaye cistercienne de la Séauve sur Semène est classée monument historique et des travaux de réhabilitation sont entrepris. En 2001, le monument devient résidentiel. 47 logements sont créés. La Communauté de Communes Loire Semène y installe également son siège et l’espace muséal.
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