
Source : site du GRAV – Groupe de Recherche Archéologique Vellave
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Cette baronnie, dit Arnaud, resta divisée jusqu’en 1753 entre deux propriétaires, entre deux propriétaires qui assistaient chacun par tour aux Etats du Velay. Il est impossible d’assigner à chacune des familles qui me font me sont connues la portion qui lui appartenait sur cette terre. Je me contenterai donc de les faire connaître, tout en indiquant, quand je le pourrai, la manière dont ils entrèrent en possession et celle dont elles la cessèrent.
Citons encore ici M. Malègue. ce Les ruines de la châtellenie de Dunières-la-Roue, dit-il, font dans le bourg même de Dunières et ont été restaurées pour servir de couvent aux religieuses de Saint-Joseph. Cette restauration, on ne peut plus inintelligente, a fait disparaitre tout ce qui rattachait l’édifice au passé. La vieille tour de la châtellenie de Dunières-Joyeuse, qui survit au milieu de l’écroulement du manoir, est vraiment majestueuse; c’est une personnification du moyen âge ; ce front sombre et crénelé, hissé sur la roche la plus abrupte de la contrée, est comme une sentinelle perdue; l’hiver, au milieu des tempêtes neigeuses, elle est comme un phare pour le voyageur égaré.
1° FAMILLE DE RETOURTOUR
ARMES : D’azur à la croix d’argent.
Le premier connu est Odon de Retourtour, qui vivait dans le XIIe siècle et fit remarquer en lui toutes les qualités d’un grand évêque, à qui l’église de Valence est redevable de presque toutes ses prérogatives. Cette famille se fondit, fur la fin du XIVe siècle, avec celle de Tournon. Vers le milieu du siècle indiqué, vivait Briand de Retourtour, baron de Mahun, seigneur de Beauchâtel, de Soigne, du Château bas de Dunières, de Montfaucon et de Saint-Just-en-Velay. Il devint baron d’Argental et seigneur de la Faye, en 1360, par son mariage avec Béatrix d’Argental. Briand, dit un manuscrit, était un seigneur rond, franc, plein d’honneur et de religion. Marié, en troisièmes noces, à Smaragde de la Roue, fille d’Aymar de la Roue et Montpeloux, il donna à cette dernière, sa vie durant, l’usufruit de Montfaucon, Beauchâtel, Dunières et Saint-Just-les-Velay. Cet usufruit fut porté par Smaragde à Guy de Saint-Priest, vers 1380. Il ne paraît pas que le représentant de cette nouvelle famille ait été maître longtemps de la baronnie. Smaragde étant morte fans enfant; je ne fais à qui échut Dunières.
2° FAMILLE DE SAINT-DIDIER
ARMES : D’azur au lion d’argent, à la bordure de gueules, chargée
de huit fleurs de lis d’or.
C’est la même famille que celle dont il fera question dans l’article concernant la baronnie de Saint-Didier. Elle possédait en partie Dunières. ce Dès le XIIe siècle, dit M. Fraisse , Tablettes historiques du Velay, la terre de Saint-Didier comprenait en grande partie le canton actuel de Saint-Didier-la-Séauve, presque toute la paroisse de Monistrol et une bonne portion de celle de Dunières. En 1285, Jousserand de Saint-Didier, seigneur du dit lieu et fils de Guigon & d’Isabelle de Clérieu, reconnaît tenir de l’évêque du Puy, entre autres, le château de Dunières et tout ce qu’il a dans ce bourg, avec justice haute, moyenne & basse. En 1295, Alexandre de Saint-Didier, chanoine de Valence et frère de Jousserand, fait hommage pour le château supérieur de Dunières, pour la maison de Bonnegarde au bourg de Dunières et pour le prieuré du dit lieu. Je trouve encore Alexandre de Saint-Didier, fils de Jousserand & d’Amphelise de Chalencon, qui se titre seigneur de Saint-Didier, de Dunières, de Riotord et de Rochefort. La portion de Dunières dont fut maîtresse la famille de Saint-Didier, paffa aux maisons qui lui succédèrent, fut appelée plus tard Dunières-les-Joyeuse et détachée de Saint-Didier vers 1600, ainsi que je le dirai dans la fuite.
3° FAMILLE DE SAINT-TRIVIER
ARMES : D’or à la bande de gueules. — Cimier : un bœuf d’or. — Supports
: deux chats d’argent. —Dévise : « Tant vaut l’homme, tant vaut la terre. »
Il s’agit ici de la famille de Chabeu, dont le nom décomposé a fourni le cimier et les supports de ses armes. Elle se dénomma de Saint-Trivier par fuite du mariage de Guy de Chabeu avec la fille de Dalmace de Beaujeu, sieur de Saint-Trivier, en Dombes. C’était, au rapport d’un généalogiste, la famille la plus illustre des Dombes, celle qui a pris ou donné plus de grandes alliances, possédé plus de terres et de seigneuries, et fait plus de branches.
D’après une généalogie manuscrite de la famille de la Roue que je citerai plusieurs fois, vivait vers la fin du XIIIe siècle Jacques-André de Saint-Trivier, baron, en partie, de Dunières, mort en 1320. Il aurait donné sa seigneurie à Andrée de Saint-Trivier, fa nièce, qui l’aurait portée à Bertrand de Solignac, en 1318. — Dans son Histoire de la souveraineté des Dombes, à la généalogie des de Chabeu, M. Guigue constate pareillement cette union, mais il donne à l’épouse le prénom d’Andelis et place le mariage à la fin du XIIIe siècle. Andelis ou Andrée-Andelis de Saint-Trivier était fille de Guy de Saint-Trivier et d’Yolande de Berzé. Je ne fais comment sa famille devint maîtresse de Dunières.
4° FAMILLE DE SOLIGNAC-LA-ROUE
ARMES : Ecartât aux 1 et 4 d’or et d’azur, de six pièces, qui est de la
Roue; aux 2 et3 d’argent, au chef de gueules, qui est de Solignac.
La maison de Solignac, qui fut la seconde maison de la Roue, de 1324 à 1570, était, dit Chambron, une famille très ancienne, qui avait tiré fon nom de la terre de Solignac-sur-Loire, à trois ou quatre lieues du Puy, où l’on voit encore les ruines de son château fort, qu’elle possédait depuis 1033 en la personne de Robert de Solignac.
Ce fut Gilbert de Solignac, qui descendait de Robert au dixième degré, qui forma la branche des Solignac-la-Roue. Il se titrait baron de Solignac, seigneur de Saint-Agrève, puis d’Aurec, ensuite baron de la Roue, seigneur de Saint-Bonnet-le-Château, de Miribel et autres domaines en Forez et en Velay. Il s’était marié en secondes noces, en 1290, à noble Sibille delà Roue, qui lui apporta les biens de sa maison dont elle avait été seule héritière.
Il y eut de ce mariage, entre autres enfants, Bertrand de Solignac, surnommé Goet, que sa mère établit héritier par fon testament. On fait comment il entra en possession de la baronnie de Dunières.
Sibaud de la Roue, fils de ces derniers, fit, en mars 1352, un traité avec Goyet et Armand delà Roue, ses frères aînés, au sujet de la succession de feu leur père et mère, par lequel il eut pour sa légitime, la moitié de Dunières. Il fit aussi un accord, en 1375, avec Briand IV de Retourtour, baron d’Argental et de Mahun, seigneur de Beauchâtel, de Montfaucon, partie de Dunières, son neveu par alliance, pour leurs droits respectifs dans la terre et baronnie de Dunières.
Sibaud de la Roue, n’ayant pas eu d’enfant de sa femme, Armande de Jacoras, fit donation de fa baronnie de Dunières à Armand V de la Roue, fon petit-neveu, qui en rendit hommage à Raymond-Louis de Beaufort, vicomte de Turenne, comme baron de Fay, en Vivarais. L’arrière-petit-fils d’Armand V et d’lsabeau de Chalencon, Guillaume de la Roue, capitaine de cavalerie, chambellan de Louis XI et du duc de Bourbon, assista aux Etats particuliers du Velay, pour Dunières, qui se tinrent à Yssingeaux, le 30 novembre 1494. La baronnie de Dunières et la coseigneurie de Montfaucon échurent en dot à Anne de la Roue, fille de Guillaume et de Gabrielle de Chauvigny de Blot. Ce fut par elle que les biens qui lui étaient échus paffèrent à la famille suivante.
5° FAMILLE DE SAINT-PRIEST
ARMES : Cinq points d’or équipollés à quatre d’azur.
D’après Le Laboureur et M. de La Tour-Varan, contrairement à ce qu’en a dit Antoine Duverdier, cette famille était incontestablement d’origine Forézienne. Les d’Urgel ne devinrent possesseurs de Saint-Priest que par le mariage de Jousserand d’Urgel avec Béatrix, fille de Pons de Jarez, qui avait eu en partage la terre de Saint-Priest. Gabriel de Saint-Priest, fils de Guy et d’Alix Gaste de Luppé, devint baron de Dunières en épousant Anne de la Roue, en 1486. Il se titrait seigneur de Saint-Priest, de Saint-Just-en-Velay, Meys, Sainte-Foi-l’Argentière, et était chevalier de l’ordre de Saint-Michel. Il suivit Charles VIII à la conquête du royaume de Naples, en 1494 et 1495. Il ne paraît pas que ses enfants lui aient succédé dans la possession de Dunières, car je trouve cette baronnie au pouvoir de Charles de la Roue, neveu de Gabriel et d’Anne de la Roue, vers 1554, puis entre les mains de Jeanne de la Roue, sœur de Charles, et ce fut par elle que la famille ci-après en devint maîtresse.
6° FAMILLE UHÉRAIL DE PIERREFORT LA ROUE
ARMES ; Ecartelé aux 1 et 4e quartiers d’hermine plein, qui est de Bretagne ; aux 2 et 3 d’or à la bordure de gueules, qui est de Pierrefort
D’après Chambron, la maison d’Hérail de Pierrefort était aussi ancienne qu’illustre. On la disait issue des comtes de Rennes ou des ducs de Bretagne, fans pouvoir pourtant établir cette origine. Elle
remontait certainement à Pierre, sire de Ganges, dans l’ancien diocèse de Magdelone, en Languedoc, vivant en 1055. Je trouve au dixième degré de cette maison, noble René d’Hérail de Pierrefort, chevalier, baron de Pierrefort, de Ganges, sire de Buzeringues, de Brislac, de Turlende et autres lieux, du chef de ses père et mère. Il se maria, le 10 mars 1549, à Jeanne de la Roue, du chef de laquelle il devint baron de la Roue et de Dunières, seigneur de la Chaux, de Montpeloux, d’Oriol, de la Chapelle, de la Fare, de la Marade et autres domaines. Après la mort de son beau-frère Jacques de la Roue, en 1570, il prit le nom de la Roue et forma la troisième maison de ce nom. Gaspard de la Roue, petite-fille des précédents et fille de Marc-Pierre de la Roue et de Suzanne de Rochebaron, porta Dunières aux deux familles qui vont suivre, par deux mariages successifs .
7° FAMILLE ROBERT-LIGNERJC
ARMES : (En 1660) D’argent à trois pals de gueules.
(Plus tard)..,.. D’argent à trois pals d’azur.
Des représentants de cette maison ont été barons, puis marquis de Lignerac, marquis puis ducs de Caylus. Cette famille est ancienne et illustre. Elle est connue dans l’histoire dès le XIIIe siècle,
et a eu des alliances avec celles de Gaufrédi, de Sully, d’Uslel, de Scorailles, d’Hautfort, de La Châtre, de la Roue-Pierrefort, de Lévis, d’Espinchal , de Broglie, de Mailly, Le premier époux de Gaspard d’Hérail de Pierrefort fut Giles Robert de Lignerac, fils de François, capitaine des gardes de la reine Elisabeth d’Autriche, femme de Charles IX, et de Françoise de Scorailles. C’est par ce mariage qu’il devint baron de Dunières. Ayant été assassiné sur le chemin de Saint-Didier à Dunières par sept hommes armés auxquels il opposa une résistance héroïque, sa veuve se remaria avec Jacques d’Espinchal, baron de Massiac, auquel elle porta la terre de Dunières, M. Truchard Du Molin, Baronnie de Roche-en-Régnier , dit que, vers 1600, le duc de Montpensier vendit à Giles Robert de Lignerac, au prix de 11,000 livres, la portion de la baronnie de Saint-Didier connue sous le nom de Dunières-les-Joyeuse, et que l’acheteur en reçut l’investiture en 1606.
8° FAMILLE UESPINCHAL
ARMES : D’azur, au griffon d’or, accompagné de trois épis de blé de même,
Posés en pal, deux en chef, un en pointe.
Famille d’origine chevaleresque, non moins distinguée par ses alliances et ses services militaires que par fon ancienneté. Elle a pris son nom d’une terre située entre Condat et Besse , en Auvergne. Elle s’allia avec les de Tourzel, Rochefort-d’Ailly, Hauterive, Tour-Rochebrune, Léotoing-Montgon, Saint-Germain-d’Apchon, Hérail de la Roue, Polignac, Montmorin-Saint-Hérens, Chavagnac et Boissier. Jacques d’Espinchal, fils de François, premier du nom, baron d’Espinchal, et de Marguerite de Saint-Germain-d’Apchon, épousa, vers 1624, Gaspard d’Hérail de la Roue, dame de Dunières, déjà veuve de Giles Robert de Lignerac, et ce fut par ce mariage que cette maison acquit la baronnie qu’elle ne garda que jusqu’aux premières années du XVIII° siècle.
9° FAMILLE DE LA GARDE-CHAMBONAS
ARMES.: D’azur au chef d’argent.
Maison d’ancienne chevalerie, de la province de Languedoc, alliée aux maisons de Molette-Morangier, de Dienne de Cheyladet, de Fontanges-d’Auberoque, de Ligne, de Grimoard de Beauvoir, du Roure, de Lespinasse-Langeac. Le seul membre qui posséda Dunières me paraît avoir été Henri-Joseph de la Garde, dit le comte de Chambonas, baron des Etats du Languedoc, par l’acquisition de la baronnie de Saint-Félix, diocèse de Toulouse, le 24 septembre 1712, lieutenant-capitaine aux gardes françaises, premier gentilhomme de la chambre du duc du Maine. Il était fils d’Henri-Joseph, auteur d’une branche de sa famille, et avait épousé, en 1695, Marie Charlotte de Fontanges-d’Auberoque. Je ne sais comment il devint maître de la baronnie; peut-être par achat, à la fuite de la condamnation à mort et de l’expatriation qui la suivit, de Charles-Gaspard, marquis d’Espinchal.
10° FAMILLE DE FAY
ARMES : De gueules à la bande d’or, chargée d’une fouine d’azur.
L’inventaire des meubles et titres de Jean de Fay, marquis de La Tour-Maubourg, publié par M. le docteur Charreyre dans les Tablettes historiques du Velay (t. VIII, p. 509), mentionne un acte de procuration, donnée par le maréchal de La Tour-Maubourg à dame Agnès de Trudaine, son épouse (10 septembre 1736), par laquelle le dit seigneur lui donne pouvoir de faire l’acquisition de la moitié de la terre de Dunières. Il mentionne aussi deux mémoires, l’un pour le rétablissement de la charge de châtelain en la juridiction de Dunières, et l’autre pour le recouvrement des titres de la terre et baronnie de Dunières concernant la portion du dit maréchal. En 1753, la terre de Dunières, qui avait été divisée jusque-là, cessa de l’être à partir de-cette époque et appartint tout entière à la famille en question. Arnaud, qui constate ce fait, donne Claude-Florimond de Fay de Coiffe, marquis de Maubourg, comme maître de Dunières de 1753 à 1789.