Développement actuel de l’usine et progrès des salaires.

A la première usine, montée sur deux étages, une autre s’apprête succéder, construite entièrement au rez-de-chaussée, suivant les modèles et !es mécanismes les plus perfectionnés, parfaitement aérée, très- hygiénique, chauffé en hiver, ventilée en été.

Cet établissement va contenir 250 métiers, pouvant se mouvoir soit par l’eau, soit par la vapeur, et recevoir encore un développement plus considérable, suivant les besoins.

250 jeunes filles sont appelées à y travailler, placées, comme ci-ide-vent, sous la direction des sœurs de Saint-Joseph. Le salaire moyen de ces jeunes filles est de 17 à 18 fr. par semaine,

Elles couchent dans et vont le dimanche dans leur famille. Elles se nourrissent elles-mêmes., soit en apportant des provisions soit en les préparant, mais dans des cuisines chauffées et entretenues aux frais de la maison.

On jugera des résultats par les citations que voici :

En 1857, M. Louis Reybaud ne constatait que le gain annuel des ouvrières (en totalisant dans ce gain la nourriture pouvait être estimée de 290 à 300 francs.

Aujourd’hui la moyenne annuelle du salaire de chaque ouvrière s’élève de 600 à 800 fr.

Une caisse d’épargne a été fondée et est gérée par la maison Colcombet. Cette caisse compte quarante mille francs de dépôts appartenant à des ouvrières.

Enfin, les malades y sont soignés dans une infirmerie spéciale, tenue par les sœurs avec l’aide d’un médecin, et aux frais de M. Colcombet.

Des leçons d’écriture, de lecture et de calcul sont données gratuitement aux jeunes filles, ce qui a valu à la maison d’être inscrite dans le conseil des membres de la Société de protection des apprentis et des enfants employés dans les manufactures.

Les règlements qui ont pourvu à la bonne tenue des ateliers, renferment une clause aux termes de laquelle chaque ouvrière est, à tour de rôle, chargée du soin de distribuer aux familles pauvres du voisinage les secours alloués par le patron ou prélevés sur le produit des amendes.

Cet usage permet d’associer ainsi les jeunes filles au plus élevé des privilèges celui de la charité.

Annuellement, toutes les anciennes ouvrières mariées dans le canton, reviennent visiter l’usine et prennent part, ainsi que les patrons, à une fête destinée à resserrer les liens qui les unissent.

Ces faits sont consignés ici pour démontrer les efforts des patrons en vue d’améliorer autour d’eux, au moral et au physique, le sort des classes laborieuses.

Pour de plus amples renseignements, on pourrait consulter les journaux de la localité et divers ouvrages, notamment ceux de l’abbé Theillier et de M. Monnier, maître des requêtes au conseil d’État.

Il vient d’être parlé des anciennes ouvrières ayant quitté l’usine, s’étant mariées dans le pays et revenant annuellement, à jour fixe, prendre part, avec les jeunes filles qui les ont replacées à une fête de famille.

Il est à propos de faire remarquer ici, pour répondre à certaines observations des économistes que le système Colcombet est aussi utile à la société en général qu’avantageux au travail de l’usine.

En effet, dans un, pays pauvre, il a pour résultat d’attirer un argent qui n’y viendrait pas sans lui, et permet de constituer, au moyen de dots prélevées sur les salaires, de nouveaux ménages que la misère eût empêchés de se former, ou dont elle aurait tout au moins arrêts le développement.

Ces jeunes filles, ainsi formées, mieux instruites qu’elles ne l’eussent été autrefois, sont la réserve la plus sûre des cultivateurs. Et ceci n’est point une fiction ou une amplification Je rhéteur, on peut citer trois sœurs qui ont gagné entre elles, en trois ans, une somme de 4,767 francs 85 centimes.

La liberté la plus grande est laissée aux ouvrières dans le choix de leur avenir, et de même que les unes se ‘mariant aux environs de leur vingtième année, ont fait d’excellentes mères de famille; d’autres (cinquante environ) se sont vouées à la vie religieuse et sont ailées dans les montagnes du voisinage, dépourvues jusqu’alors d’institutrices, répandre l’instruction et les enseignements religieux qu’elles avaient reçus.

Influence de la fabrique sur le hameau de la Séauve, église, maison des religieuse,école de garçon.

La prospérité, comme la misère, est contagieuse ; le hameau de la Séauve est devenu, par suite de l’exemple donné par la maison Colcombet, un gros bourg.

Cette maison ne contribue plus seule, il est vrai, à le maintenir; mais elle soutient son développement dans une proportion hors de toute comparaison.

Il appartenait à M, Colcombet de compléter son œuvre en prévoyant les progrès que devait faire l’agglomération des habitants de la Séauve, grâce à l’industrie qu’il y avait appelée.

Il devait doter cette agglomération de tout ce qui est indispensable au culte, à l’enseignement et à la vie publique d’une commune.

C’est ce qu’il a fait; son intérêt et son devoir se trouvait d’accord pour l’y engager; il fallait bien préparer la résidence centrale de la future commune, dom les habitants devaient pourvoir aux besoins des futures usines et croître avec elles.

La Séauve étant construite dans un ravin, près d’une ancienne abbaye-, il était difficile de lui donner, dans cet endroit même, l’élargissement devenu nécessaire.

En même temps qu’il reconstruisait son usine, sur un modèle plus récent, M. Colcombet faisait préparer un vaste terrain dont il était possesseur pour recevoir, en grande partie, la nouvelle assiette de la Séauve.

A la place de la chapelle primitivement jointe à la vieille usine, il a fait élever une véritable église à trois nefs, destinée à être érigée en paroisse. Tous les habitants des environs s’y rendent déjà pour y assister à l’office divin.

Les appartements donnés aux cinq religieuses des premières années, ont été changés en une vaste maison où une dizaine de sœurs de Saint-Joseph ont ouvert des écoles pour toutes les petites filles des habitants indistinctement.

En face de la maison des religieuses et sur une place destinée à devenir place publique, une école de garçons, érigée aux frais de M. Colcombet, a été mise sous la direction des frères mariste.

Enfin, au travers d’un terrain de quarante mille mètres de superficie, il a tracé des promenades, des rues, tout un système de voirie et même des conduites pour l’eau destinés à la future commune.

Dans ce terrain, pour attirer et fixer la population nécessaire aux besoins des usines et en particulier aux ouvriers de la Séauve il a assigné des lots.

Le terrain est donné gratuitement, les constructions doivent se faire d’après un plan étudié par les ingénieurs les plus compétents et conformément à toutes les règles de la salubrité.

La seule servitude imposée au nouvel habitant est l’obligation à perpétuité de ne jamais construire de débits de boissons ou de cabarets sur le terrain concédé.

Cette clause est onéreuse à la maison Colcombet, en ce sens qu’elle eut tiré un bien meilleur parti de ses terrains si elle eût toléré les débits de liquides ; mais il lui a semblé qu’il valait mieux préférer un système lésant peut-être ses intérêts, mais dont la moralité publique doit profiter.

Avant peu le hameau de la Séauve pourra demander à être détaché de la commune de Saint-Didier, dont il fait partie, et vivre de sa vie propre.

source:

Notice complète

SUR L’USINE HYDRAULIQUE ET A VAPEUR

DE LA MAISON COLCOMBET FRÈRES ET CIE

FABRICANTS DE RUBANS A SAINT-ÉTIENNE, 5, RUE ROYAL.

BNF.fr

http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb33504947r