Déprédation au préjudice

au commencement du XVIe siècle, par des bandes affamée

Ces déprédations sont constatées par la Gaule chrétienne. Elles furent telles que l’abbesse se vit obligée d’en référer au Souverain Pontife lui-même pour en obtenir force et secours. Jules Il donna ordre à l’abbé de Doue, de l’Ordre des Prémontrés, et au prieur de Viaye, près Saint—Vincent, de l’Ordre de Grammond, de mettre à la raison les déprédateurs de Bellecombe. L’histoire ne dit pas quels furent les efforts tentés et le résultat obtenu par les deux protecteurs désignés par le Pape. Il est fort probable que le résultat fut nul. Il était difficile, au reste, qu’il en fut autrement.

C’était en 1505 que ces déprédations eurent lieu à Bellecombe. Or, la peste avait fait de grands ravages au Puy, en 1503. La ville avait eu à lutter contre la disette produite par l’abstention des gens des campagnes, qui avaient coutume de l’approvisionner et qui n’y venaient plus, soit par crainte de la peste, soit d’après la défense de leurs seigneurs, qui appréhendaient la contagion. L’année 1504 fut particulièrement désastreuse pour la récolte. La sécheresse fut telle, dit Guillaume Paradin (Histoire de Lyon), qu’il ne demeura goutte d’humidité pour la nourriture des biens de la terre et que le bétail mourrait partout de soif. On voyait partout des bandes affamées, errant dans les champs, que telle misère excédait toute pitié, et ces pauvres gens, étant pressés par la famine, laissaient des brisées de leur calamité, quasi en tous lieux; tantôt un homme, tantôt une femme ou un enfant mort, Le blé se vendait plus de vingt sols la mesure ordinaire (1). Or, dans toutes les paroisses se faisaient des processions en grande humilité, y étaient enfants, jeunes filles, hommes et femmes, tous pieds nus et forts désolés, chantant leurs prières, tous les larmes aux yeux, et, en la fin de chaque invocation, criaient tous ensemble effroyablement : Miséricorde, miséricorde, mon Dieu !

Comment contenir des bandes qui sont poussées par la faim ? Telles étaient celles qui exerçaient leurs ravages à Bellecombe. Elles accouraient là espérant trouver le morceau de pain qui devait les délivrer de la faim.

Il est impossible de dire, faute de documents, jusqu’où allèrent les ravages causés au monastère. Vu les circonstances et la cause qui les provoquaient, il est permis de supposer qu’ils furent raves. La faim n’a pas d’yeux et pas plus de conscience !

(Sources : Gallia Christiana. — Arnaud, Histoire du Velay. — Paradin, Histoire de Lyon.)

  • Il ne se vendait habituellement à cette époque que deux ou trois sols la mesure. C’était donc une augmentation de 80 à 90 pour cent sur le pris ordinaire.

Extrait de l’ouvrage :

NOTES HISTORIQUES

SUR

LES MONASTÈRES

DE LA SÉAUVE

BELLECOMBE, CLAVAS ET MONTFAUCON

THEILLIER, curé de Retournaguet