
L E CARDINAL DE POLIGNAC (M e l c h i o r)
Source : https://www.hyacinthe-rigaud.com/catalogue-raisonne-hyacinthe-rigaud/portraits/966-polignac-merchior-de
L’ORIGINE de la maison de Polignac remonte, par titres authentiques, à la seconde moitié du IX siècle, à cette époque troublée où la royauté impuissante contre l’anarchie ne put empêcher le démembrement de l’empire de Charlemagne, au profit du régime féodal. La haute ancienneté de cette famille, son rôle prépondérant dans les fastes de l’histoire du Velay, son expansion graduelle au – delà des limites de cette province, offrent un puissant intérêt à ceux qui recherchent les causes de nos transformations sociales dans les instructives et fortes leçons du passé. Aussi, en écrivant son importante monographie sur La vicomté de Polignac, M. Truchard du Molin a- t- il rendu un réel service à la science historique. Mais son ouvrage posthume, luxueusement édité sous la compétente direction du regretté M. Chassaing, ne peut être consulté que par de rares privilégiés et, si l’on se plaît à en admirer la forme élégante et le style captivant, on regrette néanmoins que notre éminent compatriote n’ait pas pu faire une plus large part à la publication des documents qui ont servi à l’édification de son œuvre. Il est vrai d’ajouter que leur divulgation était d’autant plus pénible que les archives seigneuriales de Polignac ont eu à subir la tourmente révolutionnaire. Le désir inconscient de chasser de la mémoire des hommes un passé qu’on cherchait à rendre odieux, en rappelant ses violences et ses oppressions sans leur opposer sa vitalité et ses sentiments chevaleresques, provoqua la loi du 17 juillet 1793 qui prescrivait le brûlement des titres féodaux. Cette mesure fut, en général, appliquée avec rigueur, et au Puy même, où pourtant les Polignac ne représentaient plus à cette époque, dans l’idée populaire, que de puissants et dévoués protecteurs, leurs papiers personnels furent détruits. Mais, semblable à la brèche volcanique sur laquelle repose de son sommeil séculaire le vieux donjon crénelé, cette race était trop profondément ancrée dans le sol français, pour disparaître à jamais sous le souffle passager de la tempête. Ses racines s’étaient étendues dans tous les dépôts d’archives et le vandalisme terroriste fut trop éphémère pour les en extirper irrévocablement. Il suffit en effet de parcourir les collections publiques ou privées, de compulser les grandes compilations où sont consignées nos épopées nationales, pour se convaincre que l’engloutissement de la durée n’a pu effacer la trace profonde de ces hommes de foi et d’honneur, si justement dénommés les rois des montagnes vellaves. Malgré tout, leur nom s’élève comme le phare lumineux qui doit servir de guide dans les investigations des âges évanouis. La publication des Preuves de la maison de Polignac n’est donc pas seulement un pieux hommage rendu au culte des ancêtres, c’est surtout un monument élevé à l’histoire du Velay et des provinces qui l’avoisinent. Il suffit en effet de parcourir les 829 pièces de ce recueil, pour se convaincre de la place prépondérante réservée aux documents d’un réel intérêt historique qui, tout en fournissant de précieuses indications généalogiques, sont susceptibles d’enrichir la science ou d’éveiller la curiosité. Mais, comme la consultation des textes nécessite de longues et patientes recherches, je crois utile, pour mettre en évidence l’importance de cette œuvre, d’en présenter rapidement les faits saillants, en les réunissant d’après leur nature et leur objet principal.