Monastère de la Séauve. description.

Le monastère qui occupe la rive droite de la Ceméne fut construit avant la Révolution française, par les soins de Mme de Fumet, qui en fut la dernière abbesse. C’est un quadilatére dont la chapelle occupait la partie sud. La façade est  tournée au couchant et a, devant elle, au premier plan , une esplanade plantée d’arbres et, au second, un des jardins qui servaient à l’usage du couvent. Cette façade n’offre rien de bien remarquable. Les pilastres, d’ordre grec, que surmonte un fronton triangulaire ne sont cependant pas sans quelque grandeur. C’est par le nord, au moyen d’un pont jeté sur la Cemène, qu’on peut pénétrer dans l’intérieur de la maison.

Plusieurs années furent nécessaires pour l’achèvement complet des bâtiments. Commencés en 1770 ils ne furent terminés qu’en 1786. Ce fut cette année-là même que les Cisterciennes en prirent possession. Elles ne devaient pas jouir longtemps de cette nouvelle demeure. A peine installées il leur fallut la quitter. Un procè-verbal dont l’original se trouve aux archives du Puy, fait connaître très exactement la maison dans son entier et ses dehors. Je  le donne d’autant plus volontiers qu’on y fait la description de chaque pièce, en indiquant l’usage auquel elle était affectée et qu’il y est question des religieuses qui habitaient en dernier lieu le monastère et des appartements destinés à chacune d’elles.

Autant que possible, je conserverai l’ortographe du procès-verbal tout en retranchant ce qui est sans intérêt et qui concerne les dégâts commis depuis l’expulsion des Bernardines :

 Le cinq juin, année mil sept cent quatrevingt-treize, la deuxième de la République française, en conséquence de notre commission par le district, nous Henri Jacques Hilaire Besson , juge de paix du canton de Saint-Didier, y étant les adjudicataires-fermiers, Antoine Chèze, Antoine Vassal, de même que les officiers municipaux Gabriel Bruyéron et Jean Massardier, tous citoyens de cette commune, avons été, avec notre greffier, en la ci-devant abbaye de la Séauve, pour en constater l’état en présence de Claude Colanges, séquestre ou gardien. Arrivés devant la première basse-cour, avons vu un mur, d’environ un pié et demi de haut, couvert de pierres taillées en bahut. Sur ce mur était autrefois un clidat en bois. Il vient depuis la façade de la maison, se prolonge jusqu’à l’angle de celui du jardin, à l’exception qu’il est coupé à peu près vers le milieu par une ouverture, où était la porte du didat.

Traversant la basse-cour obliquement, avons passés par une porte ordinaire, regardant en face celle extérieure de l’évier.

Nous trouvant dans le passage entre l’évier et la muraille séparation de la première et seconde basse-cour, avons par un degré en pierres passé par la porte d’entrée, à deux battants, qui se trouve au bas de l’escalier de la cuisine.

A gauche la porte de la cuisine. Entrés dans la cuisine, regardant le nord-ouest, nous y avons rien vu de mobile. Avons aperçu une porte conduisant à l’évier où sommes descendus et n’avons remarqué qu’une fenêtre tournée au couchant, passés de là à la boucherie, de plein pié, séparée par des planches, n’ait vons pareillement rien remarqué. La porte extérieure de l’évier, au pié d’un escalier en bois. Au haut de l’évier où sommes montés par ce degré, deux espèces de chambres. Rentrés dans la cuisine, du côté de la ponte de l’évier une armoire dans mur. Trois fenêtres qui donnent du côté de la rivière, barrées en fer. un potager sans grilles, ayant huit fourneaux, un linteau à crochet, appliqué au mur à droite en entrant de la cuisine au couroir dont l’entrée est à côté de la cheminée.

A gauche du couroir derrière la cheminée de la cuisine l’office. Toujours à gauche la dépense où une porte qui pourrait introduire au vestibule.

 A droite dans le même couroir une porte donnant sur le corridor. En face du couroir une porte introduisant au vestibule ci-dessus appelé du côté de la Rivière ou de la Terrasse, dans le même veslibule, à droite, une porte à deux battants, donnant sur le corridor aussi appelé de la Rivière, à gauche une grande porte, en forme de portail, qui sort sur la rivière.

La porte sortant de ce vestibule dans la grande salle, ayant deux battants. Dans cette salle trois fenêtres barrées en fer ; dans la même salle à droite, une porte aussi à deux battants donnant sur le corridor. Tout près une armoire dans la muraille à deux portes.

Point de porte au passage de la grande salle à celle du fond, il y a seulement une boiserie aux linteaux et jambages, avec corniche au devant, le tous deux avec double chassis, ainsi que les claires-vues, en chêne, quatre fenêtres également barrées dont deux au levant et deux au couchant. A gauche de la cheminée, une porte à deux battants sortant contre l’escalier, du côté de l’enclos.

Dans le corridor du côté de la Rivière, une porte deux vantaux entrant dans le ciel-ouvert. six fenêtres donnant dans le ciel-ouvert. Au corridor de l’orient quatre fenêtres toujours sur le ciel-ouvert. Au corridor, du côté de l’église, six fenêtres, une porte au milieu, du côté de l’occident quatre fenêtres. Au corridor de l’orient, ci-dessus deux portes donnant entrée dans les appartements destinés à servir de magasins de planches. Une autre porte introduisant dans l’avant-choeur.

Dans cet avant-choeur appelé d ‘en-bas, deux fenêtres barrées de fer, un escalier en bois montant à l’avant-choeur haut, une porte de l’avant-choeur bas au corridor. A côté de la porte de la sacristie une autre appelée du confessional. Dans la sacristie rien du tout qu’une fenêtre donnant sur l’enclos. Toutes les fenêtres de l’église barrées en fer. Au-dessus de la porte à deux battants sortant de l’église au corridor, au dedans une petite pièce de sculpture où peut être encadré un tableau.

En suivant le corridor, en face de la porte entrant dans le vestibule de Vabatiale, du vestibule à la salle d’audience, une porte à deux vantaux, de la salle d’audience à la suite descendant toujours du côté de la cuisine, une porte aussi à deux vantaux, autre porte allant au fruitier, un plancher fait sur les carreaux de l’appartement pour conserver sec le bled qu’on y déposait.

Revenus au vestibule avant dit de l’abbatial, quatre fenêtres barrées, du vestibule allant à la porte de fer, une porte donnant sur le passage extérieur de l’église. Sortis de là, la porte susdite allant du dehors vers l’église auprès du bucher de l’abbesse et à côté de cette porte de fer une fenêtre barrée. Au bucher de l’abbesse une première porte à deux battants, une seconde porte introduisant à un second bucher et aux deux buchers ensemble au dernier desquels est un petit plancher en forme de serpente et une séparation faite de vieux boisages. Sortant de là prenant notre direction vers  l’église, à droite une porte à deux battants, au bas du degré des étrangers ; à gauche une porte introduisant sous l’escalier, autre porte premier plafond, du même degré, allant au petit jardin. Pour descendre au petit jardin, un degré extérieur en pierres ; vingt cinq ou vingt six arbres à fruit, serisiers, pommiers, pruniers, compris un petit et mauvais pêcher, en plein et mi-vent ainsi qu’en espalier,

Descendus de là nous sommes venus aux prisons dont la porte immédiatement après celle extérieure du bas degré des étrangers. (1)

(1) MM. Rochefort et consorts trouveraient là occasion d’histoires saisissantes, des prisons dans un monastère de filles !! Et puis on dira que tout allait pour le mieux dans les couvents d’autrefois. Evidemment ces cachots n’étaient l.i que pour punir les religieuses reléguées loin du monde, contre leur gré, par des parents barbares, etc., etc. Ces lieux de détention s’expliquent cependant très-bien quand on sait que la justice se rendait à la Séauve, pour certains délits, au nom du monastère. Il fallait bien un endroit quelconque pour les prévenus, ou pour les condamnés. 

 

Sommes revenus auprès de la porte de la cuisine avons monté l’escalier et à droite du second plafond est située la chambre des filles ayant une porte sans serrure et loquet. A gauche du plafond une porte au passage, pour aller à la salle à manger : salle à manger deux fenêtres ; à l’office une fenêtre barrée en fer donnant sur le corridor ; une cheminée sans plaque. La porte de la salle à m’anger à celle de compagnie à deux batands ; à cette salle deux fenêtres ; une porte sur le corridor, un boisage tout autour à hauteur d’apuie. La porte à double battant de la salle de  compagnie à la chambre de l’abbesse. A cette chambre deux fenêtres. Elle est boisée à hauteur d’apui comme la salle de compagnie ayant été ornée de tapisserie, toutes les deux ainsi que la salle à manger, un alcove en platre avec deux portes à côté peintes couleur paille, dont une vitrée ; une porte à deux volets sortant dans le corridor; une autre porte passant de la chambre au cabinet.

Une autre porte passant de l’antichambre de la chambre de l’abbesse dans celle de ses filles ; une seconde porte ; une troisième allant à la chambre de la Thiolier à droite, de la chambre de la Thiolier au cabinet attenant une porte ; deux fenêtres, une à la chambre, l’autre au cabinet derrière la chambre de la Thiolier appartement où étaient les armoires à tenir le linge, deux fenêtres donnant sur le passage des étrangers. En sortant de la chambre de l’abbesse au second plafond du grand escalier une porte à deux battants. De ce second plafond du grand degré une porte passant au corridor de la façade ; une boiserie au linteau et jambage, en chêne, comme la porte.

Du corridor de la façade au corridor du midi  du côté de l’église, une porte vitrée ; deux fenêtre  donnant sur le ciel-ouvert. Sur le même corridor autre porte à claire vue vitrée ; à droite de cette porte autre porte vitrée allant à la tribune de l’horloge ; autre porte vitrée plus bas et du même côté, introduisant au prie-dieu de l’abbesse ; les deux premières portes en gris, la troisième en vert. Le prie-dieu pour entendre la messe donnant et bombé dans l’église, aussi peint en vert, vite trée à six facétes de suite ; une porte allant sous la voûte de l’église, avec un degré en bois.

Une porte sortant de ce corridor à celuy de l’orient avec claire-vue, devant être à moitié vitrée, mais ne l’ayant jamais été ni l’une ni l’autre. A droite une petite tribune sur l’église. Dans ce même corridor d’orient quatre fenêtres donnant sur le ciel-ouvert.

A droite allant vers le corridor du côté de la rivière une porte donnant entrée à l’avant-choeur haut ; deux fenêtres à cet avant-choeur, à l’avant-choeur haut un garde-fou à barreaux, le tout bois dur; pour entrer dans le choeur haut une porte vide, pour l’éclairer une fenêtre à l’est avec double chassis. Il est planché hors l’endroit des stales où restent quatre solives sur lesquelles elles étaient placées.

Revenus au corridor, toujours à droite et de suite une porte introduisant dans une chambre regardant l’orient, deux cabinets. Du même côté et prés l’escalier la porte des latrines ; une demi fenêtre. Au corridor, du côté de la rivière, sept fenêtres regardant le ciel-ouvert.

En prenant de l’escalier à droite une porte introduisant dans la chambre de la cy-devant dame du Roure avec deux cabinets éclairés.  De suite et même côté chambre de la Regeafe ; cabinet borgne, cabinet clair.

Toujours à suite une porte introduisant dans la chambre de la cy-devant dame Charpin; une cheminée sans plaque, un alcôve en bois.

A suite encore une porte donnant entrée à la cy-devant de Pieyres,  cabinet clair, cabinet obscur ; cheminée sans plaque, une alcôve ainsi qu’à la chambre précédente : un plancher dans toute l’étendue de la chambre. Plus bas sur la même ligne , une porte donnant entrée dans chambre de la cy-de-vant dame de La Faye.  Du même côté la porte de la chambre de l’auparavant dame Sonyer, un alcôve en bois.

Le sept du même mois étant, par reprise à notre verbal d’hier, avons monté par l’escalier de la cuisine, au second étage, à droite du second plafond de cet escalier une porte introduisant dans la chambre de Saint -Louis.

A gauche du même plafond une porte intraduisant dans la chambre de M. Billom.

Dans cette chambre une fenêtre et une alcôve au cabinet. Toujours au second étage, en venant par le grand escalier, en face une porte à deux ventaux donnant entrée dans la chambre du frère de l’abbesse.

A droite du palier, toujours du grand degré, une porte à deux ventaux, introduisant au corridor de la façade à gauche du corridor, la porte de la chambre à deux lits. A droite deux appartements fermés dont un appelé la chambre de la municipalité, l’autre des commodités. A gauche du même corridor, une porte introduisant dans la chambre joignant celle des deux lits. En face et au bout du corridor une fenêtre introduisant à un cabinet ténébreux où l’on déposait du bois.

A gauche de ce corridor, la porte d’entrée de la chambre d’une cy-devant dame de Mourgues. Cette chambre est tapissée en papier, de suite et même côté la porte d’entrée de la chambre de l’autre Mourgues. une alcôve, corniche autour de la chambre qui était tapissée. La porte de la chambre suivante de l’auparavant dame Choumouroux. Dans cette chambre, deux cabinets dont l’un borge et l’autre clair.

Par cette demi porte sommes allés aux deux clochers dont un en pierres, l’autre en charpente où il n’y a rien. Revenus auprès de l’escalier de l’enclos, l’avons monté jusqu’aux galetas. A droite un grenier, etc., etc.

Avant d’entrer au passage conduisant aux appartements des étrangers à gauche du second palier du second degré où sommes descendus, une porte à un seul battant; une seconde porte au bout de la galerie. A gauche en introduisant dans la chambre des archives, une autre porte qui introduisait dans une petite tribune à parquet en bois donnant dans l’église ; une cheminée en pierre dans la chambre des archives avec un potager fait de carreaux de briques presque détruit.

 

Une porte de fer donnant entrée aux archives, dedans trois armoires à deux volets ; la première et la seconde à gauche, en entrant, la première garnie en rayons, la seconde et la troisième en tiroirs avec des boucles en fer pour les tirer, numerotés au nombre de quarante deux ; une espèce d’armoire à sept rayons, sans portes; à droite en entrant, deux fenêtres barrées et grillées en fil de fer.

Sortis de là, à droite en entrant dans la galerie, une première porte introduisant dans la chambre rouge, une seconde porte en face. Par un passage entre les deux portes de la chambre rouge et à gauche une porte donnant entrée dans la chambre de l’aumônier.

La chambre et le cabinet ornés de tapisseries. Au premier plafond en montant de l’escalier des appartements des étrangers, en face se présente la porte des retraites.

 

A droite à la seconde plate-forme du même escalier la porte introduisant dans la chambre au-dessus des archives. A gauche de ce même plafond la porte donnant entrée dans un espèce de courroir; à droite, dès l’entrée de cette porte, autre porte et après cette seconde porte, une fenêtre regardant le frontispice de l’église donnant jour dans l’antichambre. En face de la même porte autre porte donnant entrée dans un cabinet. Revenus à la seconde porte, en entrant par la seconde plate-forme du degré, une porte introduisant dans la chambre nommée de M. Dulac.

A gauche de la porte d’entrée rappelée la première de l’article précédent, une porte in troduisant dans la chambre de Saul, cabinet à deux fenêtres. Sans comprendre l’escalier des étrangers dont il a été parlé , il en existe trois autres pour communiquer aux corridors de tous les étages jusqu’aux galetas.

Nous commençons par le plus considérable appelé le grand escalier, à rampe de fer, la-quelle se prolonge jusqu’aux greniers ou jacobines. (Suit la description de ses diverses parties.)

Venus au corridor qui est au rez-de-chaussée et du côté de la rivière avons vu une grande porte à deux battants derrière l’escalier de l’enclos laquelle donne entrée dans l’enclos. Avons pris le degré venant de la cuisine par le haut, etc., etc.

Arrivés aux caves, dans celles aux vins point  de tonneaux ni autres choses. A la cave des truffes une porte à deux ventaux. A la cave aux bouteilles, une mauvaise armoire dans mur propre à mettre le fromage.

 

 

NOTES HISTORIQUES

Sur

LES MONASTÈRES

DE LA SÉAUVE

BELLEGOMBE, GLAVAS ET MONTFAUCON

THEELLIERE, curé de Retournaquet