La réforme. — Martin Luther. — Jean Calvin. — Henri et François Ils persécutent les protestants. — Conjuration d’Amboise (1560). — L’édit de Romorantin. Charles IX. — La réunion de Poissy. — Les Bourbons et les Guises. — Le massacre de Vassy (1562). — La guerre. — Henri de Navarre, chef des Protestants. Paix de Saint-Germain (1570). — La St-Barthélemy, 24 août 1572. — 3e et 4e guerres. — Henri III (1574- 1589). — 5° guerre. — Edit de Beaulieu (1576). — La Ligue. — et 7e guerres. — Assassinat d’Henri Ill, à Saint-Cloud, en 1589. — Henri IV, roi de France. =-Mécontentement des catholiques. — Henri IV abjure ses croyances, en 1593. — L’édit de Nantes, en 1598. — Guillaume de Joyeuse, maréchal, en 1582. Comme lieutenant-général du Languedoc, il guerroya contre les protestants, avec assez d’insuccès. — Le livre de bureau touchant les affaires de Saint-Didier.
Etablissement du Terrier de Joyeuse, par le notaire Antoine Balmat.
Depuis très longtemps, on désirait une réforme de la discipline ecclésiastique. Il y avait bien eu des efforts en ce sens, mais ils étaient restés isolés. Le mécontentement se développait surtout en Allemagne. La question religieuse se compliquait d’une question sociale.
Martin Luther était né, en Thuringe, en 1483.
Il poursuivit ses études avec ardeur chez les moines Augustins. A 25 ans, il se trouvait en mission à Rome, pour son couvent. Les abus, dont il fut le témoin, le scandalisèrent. Sa foi fut ébranlée.
Après l’avoir excusé, le Pape le somma de se rétracter, puis, il l’excommunia.
Luther brûla publiquement la bulle pontificale. La rupture était donc complète.
Le peuple allemand, princes en tête, embrassa la foi nouvelle.
Luther traduisit les livres sacrés. C’est un des monuments, d’ailleurs, de la langue allemande. Luther mourut, en 1546.
On a donné le nom de Réforme à ce schisme et le nom de réformés aux partisans de Luther.
Jean Calvin, curé de Noyon, était né à Noyon, en 1509. Esprit étendu et vigoureux, théologien et humaniste consommé, jurisconsulte et helléniste distingué, il adopta, après lecture attentive et de longues méditations, les doctrines nouvelles de Luther, et, dès 1532, commença à les prêcher.
En 1535, il publia, à Bâle, son Institution chrétienne. Calvin se fixa à Genève, où il acquit bientôt une grande influence.
Le calvinisme se répandit bientôt en Hollande, malgré les efforts de Charles-Quint et de Philippe II, et en Ecosse.
En France, Il se propagea, malgré les édits royaux, et ses partisans sont appelés huguenots (probablement de l’allemand eingenossen, unis par serments).
La réforme pénétra, d’abord, chez les gens de métier, puis, dans la bourgeoisie, et, ensuite, dans la noblesse.
François 1er hésita, tout d’abord, entre la tolérance et la répression. Sa soeur, la reine de Navarre, offrit même, à Nérac, un refuge aux protestants, et à certains ministres venus de Genève.
Vers la fin de son règne, 11 se décida à combattre la Réforme.
Mais Henri II n’eut pas les mêmes hésitations que son père. En 1551, par son édit de Châteaubriant, Il institua, dans chaque Parlement, une chambre ardente pour punir les crimes de religion. En même temps, il ferma aux protestants les écoles et les tribunaux.
Les persécutions n’arrêtèrent pas la diffusion du calvinisme. De grands seigneurs, le roi de Navarre et son frère, le prince de Condé, notamment, assistent, dès 1558, à des assemblées.
A la fin du règne d’Henri II, on compte plus de 2000 temples calvinistes en France.
Henri II, en mourant, laissa quatre fils, dont trois régnèrent successivement.
François II (1559-1560), l’aîné, n’avait que 16 ans quand il monta sur le trône.
Il épousa Marie Stuart, reine d’Ecosse, nièce des Guises. La mère du roi, Catherine de Médicis, Italienne fourbe et rusée, poussa François II à persécuter les protestants.
Les Guises firent peser leur influence sur ce jeune roi débile. Mais, en face d’eux, se trouvaient les Bourbons : Antoine de Bourbon, roi de Navarre ; son frère, Louis de Condé ; l’amiral de Coligny.
En 1560, les protestants et la noblesse, outrés de l’intolérance et du despotisme des Guises, formèrent un complot appelé conjuration d’Amboise, pour soustraire le roi à l’influence de sa mère et des Guises.
Le chef apparent était La Renaudie ; le chef réel, le prince de Condé.
La Renaudie périt en combattant.
Les Guises se montrent sans pitié : les conjurés sont mis à mort ou en prison.
Le prince de Condé, arrêté et condamné à mort, n’est sauvé que par la mort du roi et la résistance du chancelier Michel de l’Hospital.
Ce dernier, par l’édit de Romorantin, sauve la France do l’inquisition en remettant aux évêques la connaissance du crime d’hérésie.
Mais voici un jeune roi, encore plus malléable, Charles IX (1560-1574). Il n’a que dix ans à la mort de son frère, François II.
Catherine de Médicis prend la régence. Elle flatte, tour à tour, catholiques et protestants. Sa devise est « diviser pour régner ». Elle semble, d’abord, prendre conseil du vertueux Michel de l’Hospital, qui lui propose de réunir, en une conférence, les théologiens des deux religions pour rechercher une base d’entente.
Cette réunion eut lieu à Poissy, en 1561. Théodore de Bèze, au nom des protestants, le cardinal de Lorraine, pour les catholiques, exposèrent leurs doctrines. Le chancelier fit appel à la modération.
L’assemblée se sépara plus irritée que jamais.
L’édit de janvier 1562, promulgué par Catherine, accorde aux protestants le droit de s’assembler sans armes en dehors des villes.
Mais les Guises, qui couvrent leurs menées ambitieuses du masque de la religion, se préparent à la guerre civile.
La religion ne fut qu’un prétexte.
En réalité, la véritable cause de ces guerres fut l’ambition de partis politiques : Bourbons et Guises, qui se disputaient le pouvoir.
Au début de ces tristes luttes, les catholiques ont eu pour chefs :
1° François de Guise ;
2° le cardinal Charles de Lorraine, son frère ;
3° Henri de Guise, fils de François.
De leur côté, les protestants ont eu pour chefs :
1° Antoine de Bourbon, roi de Navarre ;
2° le prince de Condé, frère d’Antoine de Bourbon ;
3° l’amiral de Coligny.
Tout était prêt pour la guerre civile. Il suffisait d’un prétexte pour la faire éclater.
Le massacre de Vassy, en 1562, ouvrit la première des guerres de religion. Le duc François de Guise traversait cette petite ville de Champagne, quand sa suite se prit de querelle avec des protestants assemblés dans une grange. Les catholiques attaquèrent les protestants, qui eurent vingt-trois morts et plus de cent blessés.
Le massacre de Vassy eut un grand retentissement dans tout le royaume. Des scènes semblables eurent lieu à Sens, à Auxerre, à Tours, à Troyes, à Cahors.
Les deux partis firent immédiatement appel à l’étranger ; les Protestants, à Elisabeth, reine d’Angleterre ; les Catholiques, à Philippe II, roi d’Espagne.
Trois événements principaux signalèrent cette première guerre :
1° le siège de Rouen où fut tué Antoine de Bourbon ;
2° la bataille de Dreux où fut vainqueur le duc de Guise ;
3° le siège d’Orléans, où de Guise, à l’instigation de Catherine de Médicis, fut assassiné par Poltrot de Méré, 1563.
La régente offre aux protestants la convention d’Amboise. Ceux-ci se méfièrent. Ils redoutent un massacre général. Condé et de Coligny lèvent une armée et tentent d’enlever la Cour.
Une nouvelle guerre recommence, la deuxième.
En 1567, les protestants sont vaincus à Saint-Denis, mais obtiennent de Catherine la paix boiteuse de Longjumeau, 1568.
Sous prétexte que Catherine veut les faire arrêter, Coligny et Condé reprennent les armes et s’allient avec la reine Elisabeth, qui leur envoie des renforts.
Le chef nominal des catholiques est le duc d’Anjou, frère de Charles IX. Les protestants sont vaincus à Jarnac (1569), où périt, assassiné par Montesquieu, le prince de Condé.
La veuve d’Antoine de Bourbon, Jeanne d’Albret, présente son fils, Henri, à Coligny, qui le fait, reconnaître comme chef des protestants.
Les Huguenots sont encore vaincus à Moncontour (1569), mais vainqueurs à Roche-Abeille, puis, à Arnay-le-Duc.
Catherine, qui désespère de les accabler, leur accorde la paix de Saint-Germain, 1570.
Le plus douloureux épisode de cette triste époque est le massacre des protestants, qui a lieu, dans la nuit du 24 août 1572, Saint-Barthélemy. Tous les protestants attirés à Paris à l’occasion du mariage d’Henri de Navarre, leur chef, avec la soeur du roi, Marguerite de Valois, sont tués.
Naturellement, la guerre reprend. L’héroïque défense de La Rochelle caractérise cette quatrième guerre, qui a lieu en 1573.
La cinquième guerre commençait, en 1574, lorsque Charles IX expira, à 24 ans, dévoré par le remords, Il ne laissait aucun enfant.
Son frère, Henri III (1574-1589), qui avait été élu roi de Pologne, s’empressa de quitter Varsovie pour recueillir la succession du souverain défunt. C’était un prince dépravé et frivole, ne songeant qu’aux plaisirs.
Il termina la cinquième guerre, en accordant aux protestants, par l’édit de Beaulieu, le libre exercice de leur culte et certaines places fortes.
Les catholiques sont mécontents. Ils forment une sainte Zigue (1576), soutenue par les Espagnols et dirigée par Henri de Guise, dit le Balafré. La guerre recommence après la rupture de la paix de Beaulieu. Elle se termine, en 1577, par l’édit de Bergerac.
En 1580, une septième guerre éclate.
Henri de Navarre prend Cahors. La paix est signée à Fleix (1581).
En 1585, la mort du duc d’Anjou, frère d’Henri III, fait d’Henri de Navarre, l’héritier légitime du trône. Mais il est contraint de recourir aux armes pour faire reconnaître ses droits. Et, voici, une huitième guerre.
Henri de Guise aspire au trône. Henri de Navarre a donc à lutter, à la fois contre Henri de Guise et contre Henri III. C’est la guerre des trois Henri.
Henri de Navarre est vainqueur, à Coutras, en 1587.
Henri de Guise démasque son jeu. Tout en affectant de lutter pour les catholiques, il combat surtout pour lui. Il veut le trône. Il soulève Paris. Le roi est obligé de fuir et se venge, en faisant assassiner le duc de Guise aux Etats-Généraux de Blois, en 1588.
Henri III fait alliance avec Henri de Navarre et, tous cieux, viennent mettre le siège devant Paris. Un moine fanatique, Jacques Clément, assassine Henri III, à Saint-Cloud, en 1589. Le roi expire après avoir reconnu le Béarnais comme son successeur.
La dynastie des Capétiens Valois qui, depuis Philippe VI avait donné treize rois à la France, fait place aux Capétiens-Bourbons.
Henri III étant mort sans enfant, l’héritier du trône était Henri de Navarre, fils d’Antoine et de Jeanne d’Albret, prince de Bourbon, cousin et beau-frère d’Henri III. Il descendait de Saint-Louis par son aïeul, Robert de Clermont, sixième fils de Saint-Louis.
Il prit le nom d’Henri IV.
Proclamé roi à Saint-Cloud, Henri IV s’engagea, par une déclaration du 4 août, à maintenir la religion catholique, tout en garantissant aux protestants la liberté du culte et leurs places de sûreté.
Cette déclaration ne suffit pas.
A Paris, le duc de Mayenne proclama roi, sous le nom de Charles X, le vieux cardinal de Bourbon.
La Ligue ne veut donc pas le reconnaître pour roi. Les Espagnols donnent de l’argent aux catholiques pour faire la guerre.
Henri de Navarre abandonne le siège de Paris et se retire en Normandie. Le duc de Mayenne, frère d’Henri de Guise, l’y poursuit.
Protestants et Ligueurs se rencontrent à Arques, près de Dieppe, en 1589. Henri de Navarre est vainqueur.
En 1590, il bat encore ses adversaires à Ivry-sur-Eure, puis, il vient assiéger Paris. Les Espagnols le menacent et il abandonne le siège.
En 1593, Henri sacrifie ses croyances à la nation. Il abjure le protestantisme et, en 1594, il fait son entrée dans Paris.
En 1595, il bat les Espagnols et les Ligueurs à Fontaine-Française et signe, avec les Espagnols, en 1598, le traité de Vervins.
L’édit de Nantes, en 1598, mit fin aux guerres de religions.
Henri IV accorde aux protestants le libre exercice de leur culte ; des droits égaux à ceux des catholiques, des places de sûreté, des chambres mi-parties dans les parlements.
Dès lors, Henri IV (1589-1610) put s’occuper entièrement de l’administration du pays. Il fut puissamment aidé par son fidèle ami, Maximilien de Béthune, duc de Sully. Les finances furent réorganisées. L’agriculture fut relevée par des mesures de protection variées, telles que diminution de tailles, réduction d’impôts, organisation de la culture. L’industrie et le commerce furent protégés et développés. Des manufactures de glaces, de tapis et de soieries furent créées.
Et, pour faciliter les transactions, de nombreuses routes furent construites, tandis que le canal de Briare était commencé, en 1605, et que Champlain fondait, au Canada, Montréal et Québec, en 1608.
En 1610, Henri IV fut assassiné par Ravaillac, fanatique et mystique.
Le 14 mai, le roi allait à l’Arsenal voir Sully, légèrement fatigué. Son carrosse fut arrêté dans la rue de la Ferronnerie, par un embarras de voitures. C’est à ce moment que François Ravaillac le frappa de deux coups de couteau.
Guillaume de Châteauneuf-Randon était né en 1529. Il succéda à son père, Jean de Saint-Didier de Joyeuse, sous le nom de Guillaume II, vicomte de Joyeuse, baron de Saint-Didier et de l’Audun.
Il fut membre du Conseil d’Etat et privé et capitaine de cinquante hommes d’armes, lieutenant général en Languedoc.
Il fut chevalier de l’Ordre de Saint-Michel.
Il fut nommé chevalier du Saint-Esprit, en 1758, lors de l’institution de l’ordre.
Il posséda six années l’évêché d’Aleth sans se faire sacrer.
Guillaume II de Joyeuse participa à la guerre contre les protestants et, en récompense, il fut fait maréchal de France, en 1582.
Guillaume avait épousé, en 1560, Marie de Batarnay, née en 1539, fille de René, comte du Bouchage et d’Isabeau de Savoie-Villars K. Elle mourut, à Toulouse, en 1592.
Elle vint au Puy, à la fin de 1591, et logea à l’hôtel du Faucon-d’Argent. Au départ, de Lestrange l’accompagna jusqu’à Langeac.
Du mariage de Guillaume et de Marie naquirent :
I Anne, né à Coutras, en 1561. Créé duc de Joyeuse, pair et amiral de France. Il épousa Marguerite de Lorraine, soeur de Louise, femme d’Henri III.
II. François, né le 24 juin 1562. En 1582 — il avait 20 ans. Heureux âge ! — il fut archevêque de Narbonne, puis, ensuite de Toulouse et, en 1600, de Rouen. Il fut élevé à la pourpre. Il est commandeur du Saint-Esprit. Il assista à l’élection des papes Léon XI et Paul IV.
François fut l’un des auteurs de l’abjuration d’Henri IV, à qui il rendit ensuite le service de rompre le premier mariage. Président de l’assemblée du clergé, en 1605, il fut nommé, l’année suivante, légat du pape Paul V en France, à l’occasion du baptême du dauphin. Il sacra Marie de Médicis et Louis XIII, à Reims, en 1610, présida les Etats-Généraux de 1614 et mourut à Avignon, 1615, doyen du Sacré Collège.
III. Henri, né à Toulouse, en 1563, comte du Bouchage, puis, duc de Joyeuse, pair et maréchal de France, chevalier des ordres du roi.
Il eut, dès sa jeunesse, le dessein d’embrasser l’état ecclésiastique, mais la volonté de son père et de sa famille contrarièrent ce projet.
Il entra alors dans la carrière des armes, et épousa Catherine de Nogaret de la Valette, fille de Jean et de Jeanne de Saint-Lary de Bellegarde et soeur du duc d’Epernon.
Il devint veuf, le 4 septembre 1587. Le comte du Bouchage, duc de Joyeuse, put suivre, dès lors, sa première vocation. Il prononça ses vœux de capucin, le 4 décembre 1587. Il fut célèbre sous le nom de père Ange.
Après la journée des Barricades, il sortit de sa retraite et se rendit à Chartres, à la tête d’une procession de Ligueurs, pour engager Henri III à revenir dans la capitale.
Il fit ce voyage, pieds nus, couronné d’épines, chargé d’une lourde croix, accompagné de deux religieux qui le fustigeaient, et chantant avec toute la troupe le Miserere.
Envoyé en Gascogne, pendant les troubles de la Ligue, le père Ange se trouva à Toulouse, au moment de la mort d’un autre de ses frères, Scipion de Joyeuse, tué en combattant contre les Huguenots.
Le peuple et la noblesse du pays le prièrent alors de prendre le commandement des troupes, et le pape l’ayant relevé de ses vœux, il céda aux instances qui lui furent faites. Il continua longtemps la lutte contre Henri IV, et ne se soumit à ce prince qu’après sa conversion.
Il fut ensuite nommé maréchal de France, grand-Maitre de la garde-robe, et, gouverneur du Languedoc, puis, abandonna de nouveau ses emplois pour entrer dans le cloître.
On rapporte que se trouvant un jour à un balcon avec Henri IV, ce dernier lui dit : « Mon cousin, ces gens-là « qui nous regardent disent de moi que je suis un Huguenot converti, et, vous, un capucin renié.
Henri de Joyeuse n’apprécia pas cette plaisanterie. Il décida de reprendre l’habit de son ordre.
A dater de cette époque, il pratiqua sa règle dans toute son austérité et se livra à la prédication avec un grand succès.
Il étoit difficile, dit un écrivain contemporain, que « cet homme si mortifié, couvert d’un pauvre habit, ceint d’une corde et les pieds nus, qu’on avoit veu si enjoué avec les dames, si redoutable à la tête des armées, si propre clans ses habits et dans son équipage, n’eût pas inspiré la pénitence.
Le père Ange mourut à Rivoli, en 1608, au retour d’un voyage à Rome, qu’il avait entrepris, pieds nus, pendant l’hiver.
C’est de lui que Voltaire a pu dire :
Vicieux, pénitent, courtisan, solitaire, Il prit, quitta, reprit, la cuirasse et la haire !
De son mariage, il eut une fille, Henriette-Catherine, duchesse de Joyeuse, comtesse du Bouchage, née au Louvre, en 1585, mariée : 1° En 1599, à Henri de Bourbon, duc de Montpensier, appelé aussi prince des Dombes; 2° ensuite, en 1611. Charles de Lorraine, duc de Guise, à qui elle apporta en dot le duché de Joyeuse.
Elle mourut à Paris en 1656, à 6 heures du soir, âgée de 71 ans, 1 mois et 17 jours, et fut enterrée en habit de religieuse dans l’église des Capucins de Paris.
IV: Antoine Scipion, chevalier de Malte, Grand Prieur de Toulouse, après son frère aîné, noyé au passage du Tarn, le 20 octobre 1592, à 16 ans.
V. Georges, mort, à 16 ans, à Paris, le 16 avril 1584, avant la consommation de son mariage avec Claude de Moy.
VI. Honorat, mort jeune.
VII. Claude, seigneur de Saint-Sauveur, tué avec le duc de Joyeuse, son frère aîné, à la bataille de Coutras, le 20 octobre 1587.
Guillaume II de Joyeuse mourut en 1592.
Le 1er novembre 1565, le seigneur de Joyeuse procéda à l’arrentement de la baronnie de la Mastre pour le prix de 635 livres.
Le 5 novembre 1565, ce fut l’arrentement des baronnies de Saint-Didier, Dunières et Lapte à Hugues Guilhomon et Charles Fayolle pour le prix de 1.500 livres par baronnie.
Nous avons trouvé dans les manuscrits d’Antoine Balmat, notaire royal, le livre du Bureau touchant les affaires du vicomte de Joyeuse, et celle de la Ville de Saint-Didier.
Au cours d’une réunion tenue, le 22 mars 1566, en la maison de Me Sébastien de Chave, docteur en droits, et, en présence, de Antoine Fornel, Antoine Balmat, Chastellain, lieutenant de cette juridiction, Jean Cellarier et Jean de Ville, notaires, et Loys Planchette, marchand à Saint-Didier, François Grégoire, procureur d’office, exposa, au nom du vicomte, Guillaume de Joyeuse, la situation de la baronnie, et demanda la création d’un bureau pour gérer les affaires du seigneur.
Cette délibération fut approuvée par le seigneur de Joyeuse.
Une autre réunion du bureau eut lieu le 17 juillet 1566.
Ces procès-verbaux permettent de se rendre compte avec quel soin méticuleux étaient gérées et surveillées les affaires du vicomte de Joyeuse.
La vicomtesse Anne de Joyeuse assista, d’ailleurs, à l’une de ces réunions et participa à la discussion.
Le 22 septembre 1569, par devant Antoine Balmat, lieutenant général de la baronnie de Saint-Didier, Guillaume de Joyeuse fit dire aux membres du bureau qu’il entendait, à l’avenir, se passer de leurs services, tout au moins pour certaines actions.
La vicomtesse de Joyeuse s’associa à la démarche de son mari.
Le 23 septembre, les membres du bureau prirent connaissance de la décision du seigneur de Joyeuse.
Le 3 mai 1576, une transaction intervint entre Guillaume de Joyeuse et Allier de la Fressange.
Le 20 octobre 1586, Guillaume de Joyeuse, maréchal de France, baron de Saint-Didier, nomma François des Françoys à l’office de procureur, parce que informé des sens, suffisance,
Probité de moeurs, littérature, loyauté, prud’hommie, expérience et bonne diligence, d’icelluy, à l’office juridictionnel patrimonial et général, et spécial desdites baronnies de Saint-Didier, Lapte et Dunières vacant, par suite du décès de Gabriel Pichon. A droit aux mêmes honneurs et prérogatives.
Donné à Châteauneuf, le 28em jour du moys d’octobre 1586.
Signé : Joyeuse.
Par Mgr signé Valette, secrétaire.
Et scellé du grand sceau des armes du dict seigneur à cire rouge.
Le 30 octobre 1586, François des Françoys prêta serment à Castelnaudary.
Le 20 novembre 1586, en la salle basse du château de Saint-Didier, par devant le châtelain et le procureur, lecture fut donnée de la nomination et de la prestation de serment de François des Françoys. Mais, comme ce dernier était absent, François Grosson fut nommé substitut intérimaire et, en cette qualité, prêta serment par devant Antoine du Fornel, François Grégoire, Aymard de Ville, Claude Coppier de la Murette.
A la mort de son frère aîné, Guillaume rentra dans le monde et hérita, aussitôt, des charges de lieutenant du comte de Villars, lieutenant général en Languedoc, et de capitaine de Narbonne.
Il se heurta à de graves difficultés causées par les luttes religieuses.
Toutes les inquiétudes du duc Guillaume de Joyeuse éclatent dans la correspondance adressée, soit au roi, soit à la reine, soit au gouverneur du Languedoc. Ces documents furent enlevés, lors du pillage de l’Abbaye de Saint-Germain-des-Prés, durant la première Révolution, et transportés dans la Bibliothèque de l’Hermitage, à Saint-Pétersbourg.
Cette correspondance jette une lumière particulière sur les événements qui se sont déroulés à l’époque dans cette grande province.
Jacques de Crussol, seigneur de Beaudiné, lieutenant de Condé, faisait progressivement la conquête du Languedoc, sous les yeux impuissants de Guillaume de Joyeuse.
Des combats sanglants, avec des chances diverses, eurent lieu entre catholiques et protestants à Pézenas, Frontignan, Montpellier.
Le roi et la reine tentèrent de réconcilier les deux adversaires. Vainement, d’ailleurs, puisque, à cette époque, la guerre était véritablement dans les moeurs. N’était-ce pas un moyen commode de se livrer au brigandage ?
De Joyeuse ne négligeait rien pour servir les intérêts du roi, mais,
… ayant cognu qu’il est malaisé de conduire et gouverner un païs, si ceux qui en ont l’administration, ne s’y conduisent 4 pas d’un commun advis, et qu’il y pourroit avoir de la confusion en faisant autrement…
En tout cas, il fit de louables efforts pour maintenir l’ordre et éviter l’effusion de sang.
Ainsi, après le massacre de la Saint-Barthélemy à Vexeraple de quelques autres gouverneurs et lieutenants du roi des provinces du royaume, il s’en tint aux déclarations publiques du roi, évita de répandre du sang et maintint la province en paix autant qu’il lui fut possible.
Il ne put y parvenir. En 1572, 1573, 1574, 1575, 1577, 1578, 1579, les combats se succédèrent, mais de Joyeuse ne reçut jamais suffisamment de troupes pour lutter avantageusement contre les religionnaires.
En octobre 1581, Joyeuse et Montmorency, qui avaient toujours vécu en bonne intelligence, se brouillèrent aux Etats tenus à Béziers.
Joyeuse se retira à Narbonne et se jeta dans les bras de la Ligue. Il était, avec ses fils Antoine Scipion, duc de Joyeuse, et François, cardinal de Joyeuse.
Les deux ducs engagèrent des hostilités.
On se battit constamment, en 1587 et en 1588. La paix fut signée à Toulouse.
Guillaume de Joyeuse se retira dans son château de Covissac, près de Limoux. Il mourut le 5 janvier 1592 et il fut enterré dans l’église des Cordeliers de Limoux.
En 1593, une trêve fut signée entre la famille de Joyeuse et Montmorency.
C’est de 1562 au 26 novembre 1584 que fut établi le Terrier de Joyeuse par le notaire Antoine Balmat.
C’est le répertoire et inventaire général des recognoissances du présant terrier de la ville, fauxbourgs et franchises estans dans la baronnye de Sainct-Deidier sans comprendre le terrier du mandement tant de Vellay que de Forestz quest apart par moy faict par chapitres comme demonstre le présent répertoire.
La vicomtesse de Joyeuse mourut à Toulouse, le 24 juillet 1592, peu de mois après son mari.
Extrait de l’ouvrage, « D’Azur au Lion d’Argent » Tome II.
Paul Ronin