Date approximative de sa fondation

Il est impossible de donner la date exacte de la fondation du monastère. On présume avec raison que ce dut être vers les dernières années du douzième siècle ou les premières du treizième, peu de temps après la construction et l’établissement de celui de la Séauve.

On a pourtant une date précise : 1223. A cette époque, l’abbaye était déjà peuplée et on peut dire en plein exercice. Le Père Fita nous en fournit la preuve aux Tablettes historiques du Velay, t. I, p. 196. Dans ses savantes recherches sur les Augustines de Vals, il cite un testament de Guillaume de Chapteuil, daté du 25 juin 1223, dont il fait connaître plusieurs legs, et un, en particulier, en faveur des religieuses de Clavas, auxquelles le testateur donne quatre livres, IIII libras, somme qui nous paraît insignifiante aujourd’hui, mais qui ne l’était pas alors quatre livres pouvaient valoir de 80 à 100 francs de notre monnaie.

Comme il ne reste rien des anciennes constructions, je ne puis en donner une description quelconque.

Les bâtiments, au reste, ont subi, à diverses époques, plusieurs désastres qui ont nécessité la reconstruction à peu près intégrale de l’abbaye. On ne sait si dans ces reconstructions on suivit le même plan adopté pour le premier monastère. On se fera néanmoins une certaine idée de ce que pouvait être la maison par ce que je vais dire.

Dans un ouvrage par le R. P. dom Julien Paris, où il est traité du premier esprit de l’ordre de Cîteaux, je trouve des indications précises sur les dispositions que devaient avoir les moutiers cisterciens. Il n’est pas permis de douter qu’à Clavas, fondé dans le premier siècle de l’Ordre, on ne se soit conformé à la lettre aux exigences de la règle sous ce rapport. Or, voici les différentes parties qui devaient exister :

1° L’église, pour y célébrer les messes, pour y chanter l’office et y faire les prières;

2° Le cloître, où se faisaient les processions et les lectures spirituelles, et qui servait aussi quelquefois de cimetière;

3° Le chapitre, pour les confessions secrètes des fautes secrètes, et pour les confessions publiques des fautes publiques;

4° Le dortoir, et dans le dortoir les lits pour s’y reposer pendant la nuit ;

5° Le réfectoire, pour prendre les réfections;

6° Le chauffoir, pour se chauffer en hiver;

7° L’infirmerie, pour les malades.

Il y avait, en outre, les appartements réservés à l’abbesse, et qu’on appelait abbatiale, les cellules pour chacune des religieuses, et enfin les lieux où étaient reçus les visiteurs et les femmes du monde qui sentant le besoin de se recueillir un peu devant Dieu, venaient faire des retraites dans la maison. Dans certains monastères, des chambres spéciales étaient destinées aux élèves, quand il y en avait.

Je ne chercherai pas à décrire et à orienter toutes ces parties qui constituaient l’abbaye de Clavas, mais je puis faire connaître l’orientation du monastère dans son ensemble.

Quand les biens des moines furent vendus, lors de la Révolution française, comme biens nationaux, ceux qui restaient encore de nos Cisterciennes eurent le sort commun. Je dois à l’obligeance de M. Chaverondier, archiviste de la ville de Saint-Etienne, la communication de quelques documents concernant cette vente.

D’après un de ces documents, furent vendus en un seul lot :  

La grande maison de l’abbaye de Clavas, située au lieu de Clavas, paroisse de Riotord, l’enclos au dedans d’icelle et les pâturaux y joignant, contenant environ neuf quartelées.  

Le tout, y est-il da, était confiné du levant et midi par le ruisseau de Clavas, du soir et septentrion par la rue dudit lieu, de septentrion et occident par le jardin attenant à la chapelle, de septentrion par une vieille allée complantée d’arbres, passant au nord de ladite chapelle et de là du côté d’occident.

Le document dit encore que le lot comprendra, en sus, le surplus du dit enclos, joint avec la petite grange aboutissant au chemin de Clavas, avec les propriétés de la dite abbaye, en suivant e susdit chemin. Dans la présente adjudication, dit-on enfin, ne seront pas compris les meubles ni la chapelle. Je parlerai plus bas de ces divers objets.

Le lot fut adjugé à M. Lhospital, au prix de 3800 francs, le 26 septembre 1790.

D’après le document que je viens de citer, il est hors de doute que le monastère existait encore, au moins dans la plupart de ses parties, lors de la Révolution française. Il paraît pareillement hors de doute que les bâtiments devaient être à cette époque dans un certain état de délabrement.

Les religieuses ne les habitaient plus depuis une trentaine d’années, depuis 1765, époque où elles avaient été réunies à celles de la Séauve. Il n’est pas probable que pendant un aussi long espace de temps, la maison ait pu se soutenir dans un état parfait de conservation. Quoi qu’il en soit, ce que le temps n’avait pas détruit, la main de l’homme ne tarda pas de le faire disparaître. S’il faut s’en rapporter aux affirmations qui m’ont été données sur les lieux mêmes, les matériaux démolis auraient été transportés dans diverses directions et auraient servi à la construction de plusieurs habitations des alentours. L’endroit où s’élevait autrefois l’abbaye est occupé en partie par le jardin du presbytère, en partie par la place publique, et le reste par la maison des Soeurs de la Croix, qui se trouve au levant et longe la Clavarine. La cure, qui servait de logement à l’aumônier de l’abbaye, occupe la partie occidentale de la place et touche à l’angle de la chapelle.

Extrait de l’ouvrage :

NOTES HISTORIQUES

SUR

LES MONASTÈRES

DE LA SÉAUVE

BELLECOMBE, CLAVAS ET MONTFAUCON

THEILLIER, curé de Retournaguet