Fondateur des Bernardines ou Cisterciennes .

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Premiers monastères établis en France. Les plus remarquables entre tous , Leur nombre , Filiation.

Les auteurs sont loin d’être d’accord sur l’origine des monastères de Bernardines ou Cisterciennes. Les uns , comme Britte , Barnabé de Montalvo , Henriquez et plusieurs autres attribuent à Sainte Humbeline la gloire d’avoir été leur fondateur . D’autres regardent saint Bernard lui-même comme fondateur . Don Le Noir , dans son histoire de l’ordre de Cîteaux ; Baillet , le père Philippe Bonanni , dans son catalogue des ordres religieux , sont de ce sentiment . Hélyot prétend que les Bernardines n’ont été instituées ni par saint Bernard ni par sainte Humbeline , mais bien par saint Etienne , troisième abbé de Cîteaux . D’après le père Hélyot , le premier monastère de filles de cet ordre fut fondé en 1120 , à Tart , dans le diocèse de Langres . Il paraît que les chapitres généraux s’y tinrent et que l’abbesse de Tart avait droit de visite dans les autres monastères . Ce couvent fut transféré à Dijon , en 1623, par suite des ravages qu’y faisaient, à cette époque , les partisans Franc-Comtois.

Parmi ceux qui furent fondés après , on compte 1 ° celui de Fervaques , au diocèse de Noyon , en 1140 ;

2 ° celui de Bellecombe , à peu près à la même époque . Il en existait un grand nombre déjà dès les dernières années du XIIe siècle . Le plus célèbre de tous ces monastères fut ,sans contredit , celui de sainte Marie la Royale , près de Burgos , en Espagne , communément appelé Las Huelgas de Burgos . Il fut célèbre tant par la magnificence de ses bâtiments et des grands biens qu’il posséda que par l’étendue de la juridiction spirituelle qu’eut son abbesse , non-seulement sur douze autres monastères de son ordre qui lui étaient soumis , mais encore sur les frères Hospitaliers de Burgos et sur un grand nombre de chanoines , curés , chapelains et autres personnes . Le couvent ayant été bâti par Alphonse VIII , roi de Castille , l’an 1187 , il le donna aux religieuses de Cîteaux dont il en fit venir quelques -unes du monastère de Tulebras . Plusieurs filles de rois et de princes y furent religieuses.

Il se passa dans cette abbaye une chose vraiment étonnante et qu’on ne croirait pas si elle n’était rapportée par des auteurs dignes de foi . Par son étrangeté elle mérite d’être citée . La grande autorité qu’on avait donnée à l’abbesse de Las Huelgas , lui fit croire qu’elle avait les mêmes pouvoirs que les abbés et que ce qui leur était permis lui était permis ; elle eut même la témérité de vouloir entreprendre sur les fonctions du sacerdoce , car , en 1240 , elle prit sur elle de bénir les novices , d’expliquer l’Evangile et de monter en chaire pour prêcher ; elle alla jusqu’à entendre les confessions des religieuses qui lui étaient soumises . Il ne fallut rien moins que l’autorité et l’intervention d’Innocent III , pour réprimer ce désordre qui était tacitement approuvé par le roi de Castille , dont la fille était pour lors abbesse du monastère .

Les monastères de Cîteaux , soit d’hommes , soit de femmes , formèrent diverses filiations . Tous les couvents fondés par un autre était de sa filiation, c’est- à – dire de sa dépendance . Il était expressément défendu de construire un monastère de femmes , à moins que ce ne fut à six lieues de tout monastère d’hommes . Les abbés des maisons qui en avaient fondé d’autres s’appelaient pères immédiats et avaient la visite des abbayes de leur filiation , Nous verrons que la Séauve , Bellecombe , Clavas et Montfaucon étaient sous la dépendance de celui de Mazan , en Vivarais .

L’habillement des Bernardines consistait en une tunique ou robe blanche , un scapulaire noir et une ceinture de même couleur . Au chœur , la plupart portaient des coules et d’autres seulement des manteaux . Les sœurs converses étaient habillées de couleur tannée . Les novices étaient revêtues d’un habit blanc . Hélyot , dans son ouvrage , donne plusieurs estampes représentant les habits ordinaires des religieuses , des novices et des converses , de même que les habits de chœur des unes et des autres . Dans chaque abbaye la première dignitaire était l’abbesse ; venait ensuite la prieure claustrale .

 Celle -ci remplissait les fonctions de l’abbesse et la suppléait en tout , en cas de maladie ou d’absence . Les autres fonctionnaires étaient :

1° la sous- prieure ;

 2° les conseillères ;

3° la maîtresse des novices ;

4º la cellérière qui était chargée de tout le temporel ;

5° la maîtresse des sœurs converses ;

6° la chantre ;

 7° la secrétaire ou boursière ;

8º la bibliothécaire ;

9 ° la portière de la clôture intérieure ;

 10 ° l’infirmière ;

11 ° la sacristaine ;

12º la lingère ou vestiaire ;

 13 ° la réfectorière ;

14º la chambrière ou dortorière .

Le principal exercice religieux des abbayes Cisterciennes était le chant de l’office divin . Les Bernardines chantaient au chœur , toutes les heures de l’office canonial . Chaque heure était précédée de l’heure correspondante du petit office de la sainte Vierge et , aux jours de férie , on ajoutait à ces deux offices l’office des morts . Le travail et la nourriture varièrent selon que l’ordre traversa des phases de ferveur ou de décadence . A l’origine , les Cisterciennes embrassèrent toutes les austérités pratiquées par les premiers religieux de Cîteaux .

  Elles ne s’occupent pas seulement à coudre et à filer , dit un auteur contemporain de ces premiers âges de l’ordre , mais elles vont dans les forêts défricher les ronces et les épines .  Elles observaient aussi l’abstinence la plus rigoureuse , ne faisaient qu’un seul repas , du 14 septembre à Pâques , et se contentaient de deux pulments cuits accordés par la règle de saint Benoît . Cette ferveur dura longtemps ; ce fut l’époque de la prospérité de l’ordre . Le temps et la richesse amenèrent le relâchement . Alors le travail des mains et l’abstinence furent abandonnés . Ces deux observances sont rigoureusement prescrites par la sainte règle et , lorsque don Augustin de Létrange rétablit les Cisterciennes , connues aujourd’hui sous le nom de Trappistines , il remit en vigueur les premières observances , carême de six mois , silence perpétuel , abstinence , privation de poissons , d’œufs et de beurre , sauf en cas de maladie . Les constitutions des nouvelles Cisterciennes ont été approuvées , avec quelques modifications , par Grégoire XVI , le 6 mai 1836 .

Source , Extrait : Notes historiques sur les monastères de la Séauve, Bellecombe, Clavas et Montfaucon
Jean Theillière
https://www.google.fr/books/edition/Notes_historiques_sur_les_monast%C3%A8res_de/1MNJAQAAMAAJ?hl=fr&gbpv=0