De l’antiquité, noms et origine du Monastier.
L’ABBAYE du Monastier-Saint -Chaffre au diocèse du Puy, pais de Velay, et province de Languedoc, est l’une des plus anciennes du royaume de France, puisqu’au rapport d’Ammonius mona chus, 1. V, chap… VIII, c’est l’un des édifices que Louis Débonnaire fit rebâtir et remettre, d’entre 25 convents qu’il fit réparer, n’étant encor que Roy d’Aquitaine, et du vivant de Charlemagne son père. Ammonius qualifie cette abbaye du nom de monasterium sancti Theofredi, que Bellesfores en ses Annales de France , a tourné Saint- Theufroy ne prenant pas garde à ceste abbaye qui seule en France se surnomme de Saint- Théo frède; or, ceste restauration et réparation des ruines du Monastier se lisant en datte d’environ l’an 812 de notre salut, voyons celle de la saison de ses premiers fondement à raison que tous ceux qui en ont devisé n’en ont pas de même façon devise ; la cause de ce divorce d’avis et d’opinions peut être de ce que ceux qui en ont devisé, ont mis au jour leurs sentiment et avis , longues années après la naissance de notre monastère et partant, deux informations leur manquant de cette naissance, ils ont varié en la saison de ses premières années, d’où est arrivé que quelques-uns écrivant de son premier abbé saint Eudo ilz le feignent disciple de saint Maxime, première ment abbé de Lirins en Provence et puis évêque de Ries en la même province , abusant de ce mot de Maxime, qu’ils usurpent pour le nom de l’abbé de Lirins, sous lequel saint Eudo s’enrôla au service de Dieu, qui toutefois ne pouvait avoir veu les jours de Maxime, puisque saint Maxime tenait le gouvernail de Lirins et de Ries ès environs de l’an 440 et 445 ; or saint Eudo ne print l’habit religieux qu’après l’an 600. Ceux qui ont reculé les premières années de ce convent religieux jusques à celles de Jean II pape du nom, lequel finit son pontifical l’an 535, s’approchent de plus près, ainsi que ceux qui cuident que la première enfance de la vertueuse famille du Monastier est aux temps de Justin second de nom empereur, lequel trépassa l’an 582. Mais il me semble que sur tous, ceux-là ont bailhé au blanc , qui cottent les commencement du Monastier sous la régence de Brunethilde ou Brunehauct de Théobert roi de Metz et de Théodoric, laquelle Brunehilde étant veuve et relaissée du Roy de France Childebert, durant la minorité dudit Roy de Metz nommé Théodoric et de Théodoric son frère Roy de Bourgeonne, laquelle dura jusques à l’an 618, ce qui se doit entendre, non de l’arrivée de saint Eudo , en ce lieu , ains de la retraite de saint Carmery, fondateur de ceste abbaye , quelques années auparavant saint Eudo.
Qui a été saint Carmery, fondateur du Monastier.
SAINT CARMERY appelé en la légende latine qui se garde en l’abbaye de Maussac lés Rion, en Auvergne, Calminius et nommé par d’autres Carmilius ou Calmelius, futs un grand seigneur d’Auvergne, issu selon la conjecture de Savaron, de ce Calminius, auquel Sidonius Appollinaris adresse l’espistre XII du Ve livre. Cet avis me plaise plus que non pas celui de quelque autres qui le feignent être romain, et de Rome s’être venu placer en Auvergne. Ce seigneur, que la vie de saint Théofrède qualifie du titre de duc, c’est-à-dire gouverneur d’une province, étant si puissant qu’il possédait et tenait sous son obéissance une bonne partie de l’Aquitaine, au pourpris de laquelle est située l’Auvergne : de plus il était homme qui n’était point ignorant des lettres ni de ce qui concerne les affaires du monde. Tous ces avantages ne le peuvent pas tenir au monde, ains éclairé d’un rayon du ciel et allecté de la douceur d’une vie solitaire, il tourne le dos à toutes ces grandeurs et se dérobant aux plaisirs de ce bas, il se vient parquer accompagné d’un seul homme âgé et de vertu au pays de Velay en un chétif hameau appelé encore de présent le Villars afin de bailhé en telle campagne carrière à ses dévotions. Non Loing de ce hameau, qui aujourd’hui mêmes ne sont que de deux ou trois chaumines, il fit ériger un oratoire en l’honneur du Prince des Apôtres saint Pierre et en procura la dédicace ès ides d’octobre c’est à dire le 15 de ce mois. L’oratoire étant dressé de la sorte, sa piété pour cella ne se tient à requoi, ains passant plus outre, elle excite saint Carmery au pourchas et à la quête de quelques âmes vertueuses qui disant adieu aux vains contentements du monde s’adonnassent du tout à ce qui est du spirituel et des plaisirs célestes leur promettant suffisante du temporel à ce que plus librement ils s’adonnassent au service de Dieu (…).
Saint Théofrède se fait religieux.
SAINCT THÉOFRÈDE ou comme le nomme le vulgaire du Velay, saint Chaffre pris sa naissance à Oranges, ville jadis des appartenances de la province de la Provence, duquel lieu son père Léofrède se qualifiait prince ou seigneur, sa mère portait le nom de Théotilde. Ces deux personnages furent si soigneux d’élever Théofrède leur fils que dès l’âge de cinq ans ils le pourvurent d’un précepteur pour les lettres, lesquelles eu égard au peu de temps qu’il y employa il s’avança beaucoup. A l’étude des lettres il associait soigneusement celui de l’oraison. Cette tendre plante nonobstant qu’elle futs plantée en un sol de délices et mignardises du monde, si est ce toutefois qu’elle ne s’en nourrissait pas, ains s’arrosait plus tôt de ce qui était de la bénigne influence du ciel duquel était bénignement arrosée, surtout lorsqu’on entamait quelque propos de la conversation vertueuse et religieuse de son oncle saint Eudo duquel à cet effet il souhaitait fort d’en suivre la manière de vivre et d’abandonner toutes les grandeurs qui l’attendaient et déjà l’accompagnaient .
Tandis que Théofrède couvait et formatait en son sein ses vertueuses affections, voici que son oncle Eudo dressant ses pas vers Lirins passe par la ville de Saint -Paul en Dauphiné où jadis il avait été archidiacre. Son séjour y fut de neuf jours, pendant lequel comme Orange n’est pas de beaucoup écarté, Léofrède son frère secondé de son fils Théofrède, le vint visiter avec plusieurs autres, de leurs parents, qui de longues années ne s’étaient entretenus. Le petit Théofrède tout le long de cette entrevue considérait attentivement et observait curieusement les belles façons de faire et la sainte modestie de son oncle Eudo de mode qu’étant tout esprits et comme ravi il prend résolution de l’ensuivre et se charger de l’habit de religion que ce sien oncle portait et de combattre sous son enseigne à la solde de Paradis (…).
Source, extraits : « De l’ancienne abbaye du Monastier-Saint-Chaffre » Par Odo de Gissey · 1878.
Lecointe attribue à Basile, évêque du Puy (778), la construction de l’église du Monastier Ce qui est plus certain, c’est que Louis-le-Pieux, alors roi d’aquitaine, restaurer les premières années du IXe siècle.
Le premier abbé connu après Theofredi est DRUCTANNK, ce que les Chroniques de qui reçut en don gratuit la moitié d’Avouac, le 19 mai 840, et, du comte Odilon, divers biens dans l’évêché de Die.
BODON lui succéda il obtint de Louis-le-Pieux un dipl8me qui confirmait le monastère dans ses possessions.
Pépin, roi d’aquitaine, ratifia, en 845 ou 846, cette concession entre les mains de l’abbé GAUTIER.
L’abbé Rostaing figure dans plusieurs chartes, dont la plus ancienne est de 856 et la plus récente de 889. Le 10 avril 876, Charles – le -Chauve soumit l’abbaye à la juridiction de Guy, évêque du Puy, qui exerça sur les moines toutes sortes de vexations ; mais Rostaing remontra à l’empereur que cette décision était contraire aux privilèges du monastère, et Charles ordonna à l’évêque de respecter les immunités des religieux, le 1er août 877.
A plusieurs reprises, le cartulaire nomme Dalmace immédiatement après Rostaing. Mais deux chartes nous apprennent qu’avant Dalmace l’évêque GOTESCALC fut à la tête de l’abbaye (Gotiscalcus monasterium dispone bat, præerat). Elu au siège du Puy à la mort de l’évêque Guy, l’ennemi des moines, Gotescalc procura la restauration du Monastier (939-40), auquel il donna les bourgs de Rosières, Colence, Chamalières et Ventressac ; en même temps il pria Arnoul, abbé de Saint-Géraud d’Aurillac, d’y envoyer quelques-uns de ses religieux et d’y faire revivre l’observation de la règle bénédictine. Dès lors le couvent prend le nom de Saint- Chaffre en l’honneur de son second abbé et l’appellation de Carméry, sous laquelle il était désigné, devient plus rare .
DALMACE de Beaumont qui était au nombre des moines venus de Saint-Géraud eut la joie de voir la prospérité renaître sous son administration (939 à 949). Les biens de la communauté s’accroissent tous les jours par le fait de donations ou d’achats. Deux faits saillants entre tous se produisent. Dalmace unit tout d’abord à Saint- Chaffre le prieuré de Chamalières, qui à l’origine était un modeste oratoire en l’honneur de la Vierge Marie, mais avait acquis de l’importance avec le temps (…).
Source, extrait : Cartulaire de l’abbaye de St Chaffre du Monastier, Ulysse Chevalier.