Le mot Séauve

Le mot Séauve vient du mol latin silva, qui veut dire forêt. On disait aussi selve, sauve. Ce sont là des synonymes qui ont la môme signification. Le monastère avait été bâti au milieu ou sur les bords d’une vaste forêt dont on voit encore de beaux restes au midi et au couchant. Le mot Bénite, qui s’écrivait aussi Benoiste, a été ajouté au premier, dès le principe. Il était en usage déjà vers le milieu du treizième siècle. Vincent de Beauvais dit Silva Benedicta dans le fait qu’il ra conte relativement à sainte Marguerite. Nous voyons la même dénomination dans trois reconnaissances écrites en latin. Ces reconnaissances spnt des premières années du quatorzième siècle.

D’après de Lamure, Histoire du Forez, page 155, le mot Bénite aurait été ajouté à cause de la dévote abbaye… de laquelle forêt, dit-il, appelée, à cause de cette dévote abbaye, Silva Benedicta, c’est-àdire, Séauve-Bénite. Les auteurs de la Gaule chrétienne donnent une autre origine. D’après eux, le mot Bénite aurait été employé à cause de sainte Marguerite.

On trouve Séauve-en-Velay dans l’Histoire du Velay , par Arnaud, tome I,r, page 158 et dans beau coup d’ouvrages et de titres postérieurs à 1767, Séauve-Clavas. Cette dernière dénomination ne commença à se produire qu’après la réunion des deux monastères qui s’effectua à cette dernière époque. On ne sait point d’une manière précise à quelle époque fut fondé le monastère de la Séauve. Les auteurs paraissent dans une ignorance complète sur ce point. M. Malègue a dit quelque part que cette abbaye fut fondée en 1228. L’Histoire du Langue doc, tome II, page 432, avait dit, avant lui, qu’on n’a aucun monument certain du monastère de la Séauve avant 1228. Un dictionnaire de statistique religieuse qui forme le neuvième volume de la Nouvelle Encyclopédie religieuse, publiée par M. Migne, affirme que le couvent de la Séauve fut fondé avant l’époque citée par les autres auteurs. Nous devons aux savantes recherches du révérend Père Fita, de la compagnie de Jésus, de la maison de Vais, d’avoir aujourd’hui une date plus ancienne que celle donnée jusqu’ici sur ce point.

Aux Tablettes historiques de la Haute-Loire , n» 5, page 169, l’illustre paléographe cite un testament efe Guillaume de Chapteuil, daté de 1223, le 25 juin. Le testateur y donne à la maison de la Séauve c. solidos et à celle de Clavas IIII. libras. Quoi qu’il en soit d’une date précise, il semble qu’on peut, sans être téméraire, placer la fondation du monastère vers la fin du douzième siècle. Il est très-probable que les premières religieuses Bernardines qui vinrent habiter la Séauve sortaient de Bellecombe et en étaient comme une colonie. Pour peupler la nouvelle abbaye, les abbés de Mazan ne pouvaient aller chercher loin ce qu’ils avaient tout près, dans le Velay môme. Or, la maison de Bellecombe ayant été formée en 1148, il n’est pas présumable qu’elle ait mis un demi-siècle à en former d’autres. Dans ces temps de foi, l’ébranlement se produisait vite et la main était bientôt à l’oeuvre. On sera de cet avis, si on sait encore que l’institution des Cisterciennes était, pour cette époque, un vrai besoin social, un besoin urgent.

 

On peut regarder comme certain que les comtes de Forez furent les fondateurs de l’abbaye de la Séauve. L’Histoire du Languedoc, tome II, page 432, Arnaud, dans son Histoire du Velay, tome Ier, page 158, le disent expressément. Il paraît aussi hors de doute que le fondateur ne put être un des comtes de la première race, puisque celte race s’éteignit vers les premières années du douzième siècle. Il faut le chercher parmi ceux de la seconde. Je désignerais Guy II comme fondateur. Il vivait vers les dernières années du douzième et il se distingua, entre tous, par les nombreux établissements qu’il fonda.

Parmi les bienfaiteurs du monastère il faut compter, surtout, l’illustre famille de Saint-Didier dont j’ai donné la généalogie dans, mon opuscule sur Saint-just-Malmont. Je dirai ailleurs ses largesses aux Bernardines de Séauve-Bénite.

 

source: «Marguerite de la Séauve»

Theillère, curé de Retournaguet

1871