1er famille Jausserand II (1285-1304)

Philippe III et les Vêpres Siciliennes. — Jausserand rend plusieurs hommages. — En 1285, il souscrivit à l’accord intervenu entre Humbert de la Tour du Pin, dauphin de Viennois et le duc de Bourgogne. — Le testament « conditionnel » de Jausserand, le 3 décembre 1299.

Philippe III le Hardi (1270-1285) avait succédé à son père Louis IX. Pour venger le massacre des Français, connu sous le nom de Vêpres Siciliennes, le roi Philippe III organisa une expédition pour venir en aide à son oncle, Charles d’Anjou, roi des Deux-Siciles. Le roi de France mourut à Perpignan, en 1285.

En cette même année, Jausserand II, baron de Saint-Didier, prenait officiellement possession de la succession de son père.

En 1280, Jausserand et Guigon Pelet, chevaliers, l’un et l’autre, furent témoins de l’acte de fondation de sept vicaires de Saint-Paulin ; fondation faite par Pierre de la Roue qui voulut être enterré dans l’église de cette ville.

Pierre de la Roue étant mort, Goyet de la Roue, son héritier, obtenait, en 1280, l’autorisation du chapitre pour l’exécution de cette oeuvre ; et Bertrand de la Roue la confirma un peu plus tard, en 1283.

Il rendit l’hommage, en 1285, à messire Fredole II, évêque du Puy, comte de Velay, du château et du bourg de Saint-

Didier, avec « la justice mère, mixte, impère, haute, basse, etc. (il doit rendre le tout aux évêques du Puy à simple réquisition) ; de la maison de la Séauve, avec la seigneurie, de ce qu’il a à la Garde de la Séauve, au Puy, en propriétés et en seigneurie, du village ou mas d’Orcines, de ce qu’il a à la Faye-Borel, en propriété et en seigneurie, au village de Saint-Victor, à Saint-Romain-Lachalm, au village de Prunières, au Mas, paroisse de Saint-Pal-de-Mons, à la Côte, à Chambeau, au mas de Pierregourde, au bourg et château de Dunières, avec la justice, du village de Planchard, du mas de Chatagnier, de ce qu’il a dans le château et entre les portes de

Monistrol, et d’un pré à Antonianne.

Jausserand de Saint-Didier souscrivit à l’accord intervenu entre Humbert de la Tour du Pin, Dauphin de Viennois et Robert II, duc de Bourgogne, le 23 janvier 1285.

En 1285, le baron Jausserand rendit hommage à l’évêque Fredole par son château et le village du Chambon. Il rendit le même hommage pour toute la baronnie de Dunières.

A son tour, en 1293, le baron Jausserand reçut de noble Giley d’Ecotay, écuyer, l’hommage pour le Peschier, l’cluse et le béal du moulin de Saint-Just-lès-Velay, près du Breuil.

En 1297, le baron Jausserand de Saint-Didier renouvela à Jean Ier de Cumenes, évêque du Puy, les hommages faits en 1285 et en y ajoutant les fiefs dont Briand de Retourtour a fait hommage à l’évêque.

Tandis que son frère Alexandre de Saint-Didier, chanoine de Valence, rendait, en 1297, hommage, à l’évêque du Puy, du château supérieur, bourg et prieuré de Dunières, de la maison de Bonne-Garde et de ses propriétés de Planchers.

Il est possible que tous ces hommages eussent été occasionnés par la promotion de Jean de Cumenis à l’évêché du Puy.

Jausserand épousa, en 1275, Aphelise ou Amphelise de Chalencon, soeur de Jean de Chalencon et fille de Bertrand seigneur de Chalencon, et d’Aigline de Beaumont.

Bertrand eut onze enfants, dont six filles. Deux de ses fils, Etienne et Guillaume furent chanoines de Notre-Dame du Puy.

Bertrand II épousa, en 1259, Guyotte, fille de Guy Delmas, vicomte de Chalans. Il laissa six enfants.

Jausserand et Amphelise eurent cinq enfants : Alexandre, qui suit ; Roger, destiné à être hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem; Guigon ; Bertrand et Florimonde, Amphélise ne fut pas longtemps dame de Saint-Didier. Elle fut atteinte d’une maladie grave qui la conduisit au tombeau. Elle testa en 1286 et mourut la même année.

Son désir fut d’être inhumé au monastère de la Séauve et, en cette considération, elle donna aux religieuses 50 livres viennoises de capital pour un anniversaire qui se célébrerait chaque année, le jour de son trépas.

Amphélise, en faisant son legs à la maison de la Séauve, le donna sans parler d’aucun procès existant entre sa famille et l’abbaye.

Amphélise donna à son mari l’usufruit de tous ses biens et fit des legs à ses enfants.

Ses exécuteurs testamentaires furent Bertrand de Chalencon, son père ; Jean de Chalencon, son frère, et Alexandre de Saint-Didier, chanoine de Valence, son beau-frère.

Tous ses enfants reparaîtront plus tard, en 1299, dans le testament de leur père.

Bertrand est le seul qui n’y sera pas mentionné.

Est-ce Bertrand de Silva, chevalier de l’ordre du Temple au Puy, dont parle le P. Fita, pour l’année 1312 et qu’une note fait originaire de Saint-Didier ?

Le seigneur de Saint-Didier ne devait pas entretenir, à cette époque, des relations de cordiale amitié avec les abbesses de la Séauve et de Clavas, puisque, semble-t-il, des procès furent intentés.

Le baron Jausserand II et Ales d’Argental, cinquième abbesse de Clavas, signèrent une transaction, en 1296, relativement à des biens situés à Marlhes, dans le mandement de Saint-Didier et que l’abbesse avait acquis de noble de Talaru.

Il fut réglé, notamment, que le droit de justice sur ces biens appartiendrait au seigneur de Saint-Didier, que, s’il y avait des demandes pour commutations de peines de mort, de peines de gibet ou de mutilation, la moitié de ces amendes reviendrait au seigneur de Saint-Didier et l’autre moitié au monastère de Clavas.

Même répartition devait avoir lieu en cas d’effusion de sang par les armes. Mais si le sang avait été répandu sans armes, la totalité de l’amende était à l’abbesse de Clavas.

Le baron Jausserand fit son testament en 1299.

Par ce testament, le seigneur de Saint-Didier commença par élire sa sépulture au monastère de la Séauve et demanda aussi que les ossements de son père fussent transportés dans le même tombeau. Il pose comme condition que les procès et différends qu’il a avec l’abbesse seront terminés avec lui ou avec ses successeurs, dans un an après son décès, sinon, il ordonne que les legs faits par son père et son épouse ne soient pas payés aux religieuses. Cependant, ni Guigon, ni Amphelise n’avaient donné conditionnellement. Jausserand n’outrepassait-il pas son droit en refusant d’exécuter leurs dernières volontés ?

Jausserand se montra plus juste dans un autre article de son testament, où il voulut que ses sujets, quand ils viendraient faire leurs corvées pour lui et pour ses successeurs, fussent nourris aux frais desdits successeurs, pendant tout le temps de leur travail. Il voulait également que ceux de ses sujets qui habitaient Saint-Didier pussent vendre, pendant la semaine, tout ce Cillé bon leur semblerait, sans être obligés de payer un droit de leyde, excepté les mercredis, jeudi et les jours de foire; ses droits accoutumés sur les chairs étant réservés. Il voulait, en outre, que, sur toutes ses terres, ses sujets eussent le pouvoir de tester de leurs biens, en la forme de droit en général et du droit de seigneur, sauf le service d’iceluy en toutes choses.

Ce sont là les premières franchises octroyées aux habitants de Saint-Didier. D’autres suivirent.

Jausserand régla ensuite les intérêts de ses enfants.

Il fit un legs à Florimonde, sa fille ; à Roger, à qui il donna les « robes convenables à l’ordre et à sa personne ».

Il donna à Guigon des rentes qu’il possédait à Chaumont et à Monthardon avec le pescher et les cens qu’il avait au pont de Coffolans sur l’Isère, près de Valence.

Il gratifia d’une certaine somme Guiote, fille de son aîné, Alexandre.

Alexandre fut institué héritier universel.

Jausserand choisit pour ses exécuteurs testamentaires Alexandre de Saint-Didier, son frère, et Jausserand de Saint-Didier, son oncle paternel.

Il ne semble pas que le seigneur de Saint-Didier soit mort de la maladie qui l’avait obligé à faire son testament.

En 1301, il recevait l’hommage de Giraud de Bachin, héritier de noble Guillaume de Piers, pour des biens situés à Saint-Romain et à Grossanges.

Le 1er août 1327, on trouve traces d’actes de provisions et prébendes faites par le comte de Forez, en faveur du chanoine Raymond ou Roger de Saint-Didier, fils de Jausserand.

Le 1er avril 1327, Roger de Saint-Didier fut nommé, comte de Forez, à la place de chanoine par Jean, prébendier de l’église Notre-Dame de Montbrison, en remplacement de Bertrand de Virieu, décédé.

Cet acte est daté de l’Ile-en-Albigeois. En l’absence du comte, Roger de Saint-Didier fut mis en possession de la prébende par Bertrand de la Roue, lieutenant du comte, qui lui donna « voix au chapitre » et lui assigna une stalle à la droite du chœur et recueillit son serment de servir le comte.

Extrait de l’ouvrage, « D’Azur au Lion d’Argent » Tome I.

Paul Ronin