Philippe Auguste lutte contre la monarchie anglo-normande. — 3e, 4′ et 5° croisades. — Guerre contre les Albigeois. — La trêve « Quarantaine le Roi ». — Création des bailliages. — Louis VIII. — Louis IX. — Le baron de Saint-Didier, protecteur des muses.
Philippe Auguste (1180-1223) était roi de France depuis cinq ans quand Jausserand Pr ou Gausserand hérita, en 1185, de la seigneurie de Saint-Didier.
En réalité, il prit l’administration de la baronnie bien avant la mort de son père.
Philippe Auguste, qui luttait contre la monarchie anglo-normande, profita de toutes les occasions pour agrandir les domaines de la royauté française.
Il organisa, de 1189 à 1192, la troisième croisade, en compagnie de Frédéric Barberousse, empereur d’Allemagne, et Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre, fils d’Henri II Plantagenet. Frédéric se noya dans un torrent du Taurus, tandis que Philippe Auguste et Richard mirent le siège devant Saint-Jean-d’Acre.
Sans doute, comme tous les nobles de l’époque, le baron Jausserand I » de Saint-Didier participa-t-il à cette croisade ?
Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion se brouillèrent. Ce dernier fut retenu à Worms, en Allemagne, par l’empereur Henri VI. Dès sa libération, il se rend en France, bat Philippe à Gisors et à Freteval (1197) et meurt peu après au siège de Chalus, en Limousin.
Philippe Auguste s’empare de la Normandie et du Poitou en 1204.
Les Anglais, de Jean Sans Terre s’allient avec les Allemands, d’Othon.
Le roi de France lève une armée et marche contre les ennemis et les bat à Bouvines. C’est notre première
victoire nationale.
Suzerains et vassaux avaient répondu à l’appel de Philippe
Auguste.
En 1200, dit un acte authentique, Jausserand, baron de Saint-Didier, acheta aux Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, « pour le prix de onze livres, une rente de neuf sous viennois et deux gelines censuelles qu’ils percevaient à Montmarial et à Mont Sarrazin. Ces deux mas étaient situés dans le mandement de Saint-Didier, et confrontaient, d’une part, avec le mas de la Raynaudeuse, d’autre part, avec le Mansebeyra, d’autre enfin avec la Finatella,
Deux autres croisades, la quatrième en 1204 ; la cinquième, en 1217, furent organisées sous le règne de Philippe Auguste. Mais la plus terrible et la plus meurtrière fut la croisade contre les Albigeois.
Les habitants d’Albi et des environs refusaient de croire l’enseignement de l’Eglise. Le pape Clément III ordonna une croisade contre ces hérétiques, en 1209.
La croisade, dirigée par Simon de Montfort, signalée par le massacre de Béziers, par la victoire des croisés à Muret, par la prise de Toulouse, désola le midi de la France.
Simon de Montfort fut tué devant Toulouse en 1215.
Cette croisade fut plus grave encore, en ce sens qu’elle ruina la langue provençale et sa florissante littérature.
Nous l’avons dit, Philippe Auguste fortifia l’autorité royale et annexa de nombreux territoires au pays, en enlevant à l’Angleterre des provinces importantes. Il réduisit les grands vassaux à l’impuissance en s’efforçant de rendre les guerres privées moins fréquentes. Il institua, à cet effet, sous le nom de Quarantaine le Roi, une trêve défendant les hostilités entre particuliers pendant quarante jours, à partir du moment où l’injure avait été commise.
Il divisa ses domaines en un certain nombre de bailliages, dans le Nord, et de sénéchaussées, dans le Midi, ayant à leur
tête des baillis et des sénéchaux, qui rendaient la justice au nom du roi et avaient sous leurs ordres des prévôts.
Philippe Auguste fonda l’Université de Paris et embellit la capitale.
Louis VIII (1223-1226), fils de Philippe Auguste, poursuivit, comme son père, la lutte contre les Anglais et les Albigeois.
Jausserand I » était à la tête de la baronnie de Saint-Didier depuis longtemps déjà, quand le jeune Louis IX, âgé de 11 ans,
monta sur le trône de France. La mère de l’enfant-roi, Blanche de Castille, exerça la régence. Et, naturellement, les seigneurs, n’ayant qu’une femme devant eux, se révoltèrent, bien vainement, d’ailleurs, puisqu’ils furent vaincus, grâce au concours apporté à la reine par Thibaud de Champagne.
En avril 1229, Blanche de Castille mit fin à la guerre des Albigeois par le traité de Paris.
Le baron Jausserand Pr fut, comme son père, un grand protecteur des muses.
Il attira en son château de nombreux troubadours en renom.
Jausserand se trouve mentionné, une autre fois, dans le testament d’Alexandre, en plate du 7 avril 1327.
Le testament nomme Jausserand aïeul de son père, et il dit que ce Jausserand avait jadis légué vingt sous viennois, deux setiers de seigle et quelques maisons aux prêtres sociétaires qui desservaient l’église de Saint-Didier.
Le baron Jausserand est encore nommé dans le testament de son quatrième successeur, Jausserand III (1332-1367), au sujet d’un legs de trente sous viennois, sous des conditions qui
ne s’étaient pas réalisées. Le testament est du 23 janvier 1367. Le baron Jausserand eut pour fils : Guigon, qui suit ;
Jausserand, qui vivait encore en 1299 et fut alors exécuteur testamentaire de son neveu ;
Artaud, qui, suivant les traditions des familles seigneuriales, entra dans les ordres. En effet, ce dernier fut chanoine de Valence.
Artaud est signalé dans un acte de 1274.
n vend à son frère Jausserand le mas du Champ, près de Saint-Just.
C’est au bas de ce titre qu’on voyait appendu le sceau de Guigon avec l’impression d’une croix de Saint-André fleurdelisée à chaque bout, qui étaient les anciennes armes des seigneurs de Saint-Didier.
Jausserand 1er eut-il d’autres frères, Alexandre et Didier ?
C’est fort possible.
En 1201, un partage se fit entre Armand de Beauchastel et
Alexandre et Didier de Saint-Didier. On serait tenté de croire à ces liens de famille.
Extrait de l’ouvrage, « D’Azur au Lion d’Argent » Tome I.
Paul Ronin