1er famille Alexandre Ier de St-Didier (1304-1332)

Démêlés de Philippe IV le Bel avec la papauté. — Les papes à Avignon (1309-1377). — Rivalité des monarchies et du Vatican. — L’abolition de l’ordre des Templiers. — Alexandre de Saint-Didier se rendit à Arras à l’appel du roi avec dix hommes d’armes. — Alexandre participe à l’alliance des noblesses du Forez et de Champagne, en 1314. — La fin des Capétiens directs avec Charles IV le Bel. — La transformation du latin en langue romane. — En 1323, conflit entre Alexandre et l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. — Le testament du baron Alexandre de Saint-Didier. — La chapelle qu’il a fait bâtir dans l’église.

Philippe IV le Bel (1285-1314), célèbre par ses démêlés avec la papauté, était roi quand Alexandre prit possession de la baronnie de Saint-Didier en 1304. Il la garda jusqu’en 1332.

Philippe IV, qui avait succédé à, son père, Philippe III, lutta constamment contre les grands seigneurs, aidé par ses légistes.

Il s’empara de la Guyenne qui appartenait aux Anglais, mais il fut obligé de la restituer en 1298. Il lit la première guerre aux Flamands, alliés des Anglais, mais ses chevaliers furent battus à Courtrai, en 1302. Deux ans plus tard, Philippe IV, les vengea à, Mons-en-Puelle, près de Lille.

Le roi de France veut établir un impôt sur le clergé. Le pape Boniface VIII l’excommunie.

Le roi prétend que le pape n’a rien à voir dans les affaires intérieures de l’Etat.

Il convoque alors les Etats-Généraux, réunion des représentants de la noblesse, du clergé et de la bourgeoisie ou tiers-état. Cette assemblée, qui se réunissait pour la première fois, donna raison au roi.

Guillaume de Nogaret et Colonna vont signifier à, Boniface VIII sa déposition et le soufflètent.

Boniface VIII meurt de chagrin, en 1303. Son successeur, Benoît XI, meurt presque aussitôt.

L’archevêque de Bordeaux, élu sous le nom de Clément V, transporte à, Avignon le siège de la papauté (1309-1377).

Cette lutte entre la monarchie et la papauté n’était pas particulière à la France.

Pendant toute la durée du Moyen Age, la puissance des papes s’est accrue.

Après la lutte du sacerdoce et de l’empire, dans laquelle l’Italie s’unit à la papauté pour défendre son indépendance contre la domination allemande, on la retrouve considérable, redoutable, souveraine. En effet, pendant la première période de cette lutte, on voit un empereur d’Allemagne, Henri IV, implorer le pardon du pape Grégoire VII, à Canossa.

Dans la seconde période, l’empire d’Allemagne est disputé par les deux partis puissants qui divisent l’Italie, du XIIe aux XVe siècles : les guelfes, partisans des papes ; les gibelins, partisans de l’empereur d’Allemagne.

La victoire demeure aux guelfes, donc à la papauté et à l’Italie, alors divisée en petites républiques.

Philippe IV le Bel fortifia sans arrêt le pouvoir royal en retirant aux seigneurs un grand nombre de privilèges.

Il abolit l’ordre des Templiers pour s’emparer des richesses de ces chevaliers du temple. Ils furent arrêtés en 1307. Presque tous les templiers et leur grand maître, Jacques de Molay, périrent sur le bûcher, en 1314.

Tous ces événements historiques s’étaient déroulés pendant l’enfance d’Alexandre.

Alexandre de Saint-Didier épousa, vers 1299, Agnès du Chaylard, qui lui apporta en dot la seigneurie de Rochefort et d’autres biens considérables situés près de Beaudiner et de Saint-Félicien-en-Vivarais.

En 1303, au moment de son avènement, Alexandre de Saint-Didier renouvela à l’évêque du Puy, Jean de Cumenes, l’hommage déjà fait en 1285, par le baron Jausserand, en y ajoutant le mas, de Pierregourde.

En 1304, Alexandre de Saint-Didier fut convoqué à Arras par le roi Philippe le Bel pour la guerre de Flandre. Il devait amener avec lui dix hommes d’armes et s’y trouver dans les premiers jours de juillet. Un ordre semblable avait été adressé au vicomte de Polignac, au seigneur de Chalencon et au seigneur d’Allègre M.

En 1309, Alexandre renouvela l’hommage rendu en 1303 à messire de Castanet, évêque du Puy.

Le 9 novembre 1309, Alexandre de Saint-Didier, chanoine de Valence, reconnut à l’évêque plusieurs biens.

Mais, par contre, en 1313, un acte reçu fait état d’un dénombrement et foi et hommage prêtés par Eustache de la Rullière, à noble et puissant seigneur Alexandre de Saint-Didier.

Eustache de la Rullière, lit-on dans ce document, par acte reçu en 1313, a reconnu tenir vouloir et devoir tenir, et ses prédécesseurs avoir et autrefois tenu et ses successeurs devoir tenir de noble et puissant seigneur Alexandre de Saint-Didier et de son autorité et cession en fief et du fief dudit seigneur de Saint-Didier, dans le mandement et juridiction dudit château de Saint-Didier, tout ce qu’il a dans le mas de Lafaye-Borrel et tout ce qu’il perçoit dans le mas de Cellières, plus pour son mas appelé la Génoire, consistant en terres, prés, pâturages, bois, pacages, terres cultes et incultes, joignant du soleil levant les terres de Saint-Victor-Malescours, les terres de la Tampaniche et de Roche-ferrand et le chemin de Saint-Didier à Dunières. « Plus, il a reconnu comme dessus sa terre et bois appelés de Cherguillon, contenant environ cinq sesterées, joignant du soleil levant le chemin tendant de Cellières à Saint-Victor, devant le chemin tendant de Saint-Didier à Dunières et joignant le Terme qui va de la Choffre au coin de la Péchare, au guet appelé « don Panens » et, de bise, le territoire appelé de la Bourgia.

Plus, a reconnu comme dessus, sa petite terre sise vers la croix don Panens, joignant de toutes parts les terres des hommes d’Alopa, pour lesquelles choses, ledit Eustache a fait audit seigneur de Saint-Didier présent, recevant et ordonnant et à ses successeurs hommage, le baisant sur la bouche et promettant fidélité.

En 1314, une alliance fut conclue entre la noblesse du Forez et celle de Champagne. Alexandre de Saint-Didier apposa sa signature au bas de ce pacte.

En 1315, le 11 février, les nobles du Forez et quelques nobles du Velay se dressèrent, une fois de plus, contre les agents du contre ces agents fussent exécutées.

Parmi les trente-neuf seigneurs foréziens qui signèrent, on trouve Alexandre de Saint-Didier.

Trois rois s’étaient succédé après Philippe IV le Bel. D’abord, son fils, Louis X le Hutin (1314-1316), qui se signala par le supplice d’Enguerrand de Marigny, au gibet de Montfaucon et par l’émancipation des serfs du domaine royal.

Louis X laissa, de sa deuxième femme, Clémence de Hongrie, un fils posthume qui ne vécut que quelques jours (Jean Ier) et une fille. Son frère Philippe lui succède, d’après la décision des Etats-Généraux.

Il prend le nom de Philippe V, le Long (1316-1322).

Philippe V meurt sans enfant mâle, et son frère, Charles IV, dit le Bel, lui succède (1322-1328). Il ne laissa en mourant qu’une fille.

La race des Capétiens directs s’éteint donc avec Charles IV. Signalons que, pendant cette période, le latin populaire avait évolué lentement, et avait donné naissance à la langue romane. Une littérature naissait. Les premières productions furent des chansons de geste (Chanson de Roland), qui célébraient les exploits des preux ; puis, de longs poèmes allégoriques, comme le Roman de Renart et le Roman de la Rose. Les Mystères inaugurèrent notre théâtre tragique ; les Moralités et les Soties, notre théâtre comique.

Les premières productions en prose sont l’Histoire de la Conquête de Constantinople, de Geoffroi de Villehardouin (1155-1213) ; et les Mémoires de Joinville (1224-1319), qui racontent la vie de Saint Louis.

Soulignons également que, à cette époque, l’architecture romane (voûte ou plein cintre) et l’architecture gothique (ogive) produisent des monuments admirables, surtout la dernière, qui naquit au mie siècle.

Le 1er septembre 1319, le baron Alexandre de Saint-Didier rendit hommage de ses biens à messire Durand, évêque du Puy.

Il était coseigneur de Dunières en 1319 et partageait cette baronnie avec Jacques de Saint-Triviers.

Au mois d’août 1323, un conflit survint — le roi de France, Charles IV régnant — entre le baron Alexandre de Saint-Didier et Frère Raynaud de Fay, de l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, au sujet de divers biens placés sous la dépendance du puissant seigneur de Saint-Didier.

Une transaction intervint finalement, le 10 août 1323, aux termes de laquelle les parties s’engagèrent à se faire ni trouble ni chagrin.

En juillet 1324, une sentence arbitrale pour raison de la succession des biens et rentes de messire Nicolas de Bonnefoy passée « d’entre et puissant seigneur Jausserand de Saint-Didier, fils d’Alexandre et Eustache de la Rullière et consorts.

En 1314, les habitants de Saint-Didier firent hommage du mas de la Rivoyre à noble Hérail de Salsuc.

En 1325, des difficultés s’étaient élevées entre Jean, comte de Forez, et Alexandre, seigneur de Saint-Didier, d’une part, et Béraud de Solignac, d’autre part.

Béraud prétendait, en effet, que c’était de lui, seigneur de Solignac, que de Saint Didier tenait et devait tenir en fief avec foi et hommage les lieux de Sochon, les Granges, Delmas, la Murette, les mas des Cabeyts, Dalmazand et de la Feuly-Chazalcon et Prayliats, les mas Foranton et d’Alleyras, soutenant que ces divers lieux étaient du mandement de son château de Solignac et qu’ainsi, il devait exercer sur eux le droit de commisa, faute d’hommage.

Le comte de Forez et le baron de Saint-Didier soutenaient, au contraire, que c’était du comte de Forez que ledit seigneur de Saint-Didier tenait et devait tenir en fief les lieux précités et que le seigneur de Solignac n’y avait aucun droit de mandement ni de commisa.

Après maints débats, par l’entremise de leurs amis communs, lesdites parties firent une transaction par laquelle il fut convenu que le seigneur de Solignac tiendrait et devrait tenir en fief du comte de Forez lesdits lieux, et que, de son côté, le seigneur de Saint-Didier les tiendrait et devrait tenir du seigneur de Solignac en arrière-fief, avec remise par ce dernier au seigneur de Saint-Didier de tous les droits de mandement et de commisa qu’il pouvait avoir.

Et aussitôt, le baron de Saint-Didier, de gré et avec le consentement du comte de Forez, y présent, fit reconnaissance à Béraud, seigneur de Solignac, lui rendit l’hommage et prêta serment de fidélité.

L’hommage et le serment de fidélité reçus, le seigneur de Solignac fit au seigneur de Saint-Didier remise et abandon de tous ses droits de commisa et de mandement.

Les parties s’engagèrent réciproquement, sous toutes garanties de droit, à respecter et maintenir ladite transaction.

Cette transaction fut passée le 23 octobre 1325 à Civrieule-Comtal, en la chambre du comte de Forez, en présence de Bertrand, seigneur de la Roue ; Pierre Chalin, docteur ès lois ; Artaud de Saint-Romain ; Lieutard de Solignac, prévôt du Puy; Pierre du Vernet ; Armand de Montarges, témoins, et de Me André Lagier, clerc, notaire recevant.

En 1327, Alexandre transigea avec frère Antoine de Beauzac ou Bousas, commandeur de la maison de Saint-Antoine de Monistrol, touchant la juridiction du mas de Veyrines, placé entre Saint-Didier et Monistrol.

En 1327, noble Alexandre rendit à messire Bernard, le nouvel évêque du Puy, l’hommage de tous ses biens, situés à Saint-Didier et ailleurs.

En 1329, un procès fut engagé entre les gens de l’Evêque et Alexandre de Saint-Didier, au sujet d’actes de juridiction indûment exercés par les officiers de ce dernier à la Séauve, dépendance du mandement de Monistrol.

La Cour des Châteaux devant laquelle l’affaire fut portée siégeait à la Chiese.

De son mariage avec Agnès du Cheylard, Alexandre de Saint-Didier eut cinq enfants:

I. Isabelle, qui épousa, en 1335, Henri de Rochebaron, seigneur de Montarchier et de Leniecq, fils cadet de Briand de Rochebaron et d’Hélix de Sénectère, frère d’Héracle de Rochebaron.

Elle avait deux fils, lors du testament de son père Alexandre : 1° Alexandre ; 2° Flocard de Rochebaron Montarchier.

II. Rogier, qui eut, pour sa part de la succession de son père, 35 livres de rente et directe, sans justice, avec les marais et maisons qui se trouvaient près du pont de Saint-Didier; Il rendit hommage pour ce qu’il avait à Dunières,

M. Alexandre, exécuteur du testament de Jausserand de Glavenas, son cousin.

IV. Guiote, qui épousa, en premières noces, le seigneur de Girys, et, en deuxièmes noces, le 12 juin 1364, Audebert, seigneur de Châteauneuf et de Saint-Quentin. Elle fut dame d’honneur de Luce de Beaudiner, baronne de Cornillon. Guiote fit son testament, le 22 juin 1373, au profit de Thiburge de Saint-Didier,

V. Jausserand, qui suit.

Le baron Alexandre 1er de Saint-Didier fit son testament, le 7 avril 1327. Comme son père et sa mère, il voulut être inhumé dans la chapelle du couvent de la Séauve.

Mais pour que ses ossements y demeurassent à tout jamais, il exigea, lui aussi, que l’abbesse de ce monastère s’accordât, dans un délai d’un an, avec son héritier, pour les procès et différends qu’ils avaient ensemble. Dans ce cas, il léguait au couvent cent livres viennoises de capital.

Dans le cas contraire, ses ossements devaient être portés ailleurs ; et on ne devait payer ni son legs, ni les legs faits par Guigon, son aïeul paternel, ni par Jausserand, son père, ni par Amphelise, sa mère.

Il accorda, en outre, plusieurs gratifications à diverses églises et personnes. Il légua cent sous tournois aux pauvres manants de Saint-Didier.

Alexandre parle encore d’une chapelle qu’il avait fait bâtir dans l’église de Saint-Didier, et il voulut qu’on donnât aux prébendiers de cette chapelle, les vingt-cinq sous viennois, les deux setiers de seigle annuels, ainsi que les maisons léguées par son aïeul, Jausserand.

Le testament finit par quelques dispositions en faveur d’Agnès de Cheylard, son épouse, qui vivait encore, et n’était pas bien vieille, puisque certaines prohibitions lui furent imposées, au cas où elle contracterait un second mariage. Ses enfants ne furent pas oubliés.

Extrait de l’ouvrage, « D’Azur au Lion d’Argent » Tome I.

Paul Ronin